Caroline Fourest continue à approuver MeToo mais pointe, dans son nouveau livre, la dérive fanatique de certains de ses zélateurs. Une nuance inadmissible pour les défenseurs de la cause : les néoféministes et la presse comme-il-faut lui tombent dessus. Alerte : Caroline a viré à droite.
Pour la promotion de son livre Le Vertige MeToo, la journaliste et militante féministe Caroline Fourest prend soin de préciser qu’elle ne souhaite pas être récupérée par les anti-MeToo. Elle souhaite rester dans le camp du bien. Elle ne dénonce pas ce mouvement de « libération de la parole », elle pointe les dérives de certains fanatiques.
Social-traître
Raté chère Caroline ! Bienvenue dans le camp du mal. Quiconque émet la moindre nuance sur les méthodes du mouvement est un ennemi du Parti. La guerre des féministes est déclarée ! Et le féminisme « modéré », « raisonnable », celui de Fourest, ne fait pas le poids face au féminisme fasciste du camp woke. Libé, Les Inrocks, Mediapart, L’Obs, Télérama, Arrêt sur image ou encore L’Humanité, tombent à bras raccourcis sur la social-traître. Dans Les Inrocks, on qualifie le livre de Fourest de « brûlot réactionnaire ». Libé déplore son « virage à droite » et l’accuse de « minimiser les violences ». Le journal qui naguère publiait les annonces sexuellement déjantées de la rubrique « Chéri(e)s » lui reproche également de penser que toutes les violences sexuelles n’ont pas la même gravité, donc de nier le « continuum à l’œuvre, c’est-à-dire le lien entre le harcèlement, l’agression sexuelle et le viol qui, ensemble, constituent un système ». Fourest refuse de mettre dans le même panier Monsieur Pélicot et Nicolas Bedos, Émile Louis et Édouard Baer, Harvey Weinstein et Ibrahim Maalouf. En fait, elle n’a tout simplement pas l’air de haïr les hommes. Elle semble même avoir un peu de pitié pour ceux qui sont brûlés en place publique pour une simple accusation sans preuve. Caroline a un petit cœur, et ça, la révolution ne le lui pardonnera pas. On se croirait dans le roman Uranus de Marcel Aymé, dans ce village de Blémont, juste après la guerre, en pleine épuration. Aymé y raconte le climat de terreur, les accusations mensongères, le mal fait au nom du bien. Il raconte également la guerre entre communistes sincères, honnêtes, et communistes zélés, tartuffes utilisant la casquette du Parti pour leurs propres intérêts, pour nuire, pour une petite place et un peu (beaucoup) de pouvoir. La même ambiance délétère transparaît dans certaines déclarations de Fourest : « Comment protéger MeToo de ces opportunistes, de ceux qui l’instrumentalisent, de ceux qui le mettent à toutes les sauces pour régler des comptes, dégager, prendre des postes ? » Eh oui ! La révolution lui échappe, le monstre se retourne contre elle. Je ne m’en réjouis pas. Quoique… je me sens moins seul ! Le traitement qu’elle subit sur certains plateaux me rappelle celui auquel j’ai eu droit lorsque je défendais la tribune de soutien à Gérard Depardieu. Sur le service public, on la reçoit en se bouchant le nez. Dans l’émission « En société », sur France 5, la présentatrice Émilie Tran Nguyen cuisine Fourest : « Donc il faut douter de la parole des femmes ? » Etl’avocate Anne Bouillon de renchérir « Une parole, a priori, ce n’est pas parce qu’elle vient d’une femme qu’elle ne doit pas être crue. Et c’est un peu le message que vous véhiculez. » Caroline est accusée d’accuser toutes les femmes d’être des menteuses ! Comme avec moi et tant d’autres, on lui reproche des propos qu’elle n’a jamais tenus. Nous parlons pourtant clairement. Mais ce que nous disons – et nous ne disons pas la même chose – est aujourd’hui inaudible. On ne veut pas l’entendre, on le déforme, on l’exagère, on le défigure. Je ne serais pas surpris que Caroline Fourest se prenne à son tour son petit MeToo. Non que j’aie eu vent d’un quelconque comportement déplacé de sa part, mais parce que dans la MeToo Family, l’accusation d’agression sexuelle est devenue un instrument de vengeance, de punition.
La meute a changé de camp
Cela fait longtemps que nous autres, anti-MeToo officiels et assumés, disons que les hommes ont peur. On nous a traités de délirants. Fourest, aujourd’hui, ne dit pas autre chose lorsqu’elle parle de « comédiennes qui passent du statut de victime au statut de procureur », qu’elle affirme : « la honte a changé de camp et je m’en réjouis, mais en même temps la meute a changé de camp », ou encore « nous sommes passés d’une société de l’honneur imposant le bâillon à celle de la pureté maniant le bûcher et la délation ». Je le répète ici, les hommes, surtout médiatiques, riches ou puissants, ont peur de se voir accusés publiquement d’agression sexuelle quand bien même ils n’ont rien fait de répréhensible. Qui pourrait envier leur place ? Oui, nous vivons une période trouble. « Des gens qui s’improvisent féministes depuis quinze secondes, depuis que la peur a changé de camp. (…) On a des convertis un peu zélés qui étaient déjà, juste avant, du côté du pouvoir et de l’abus de pouvoir et qui ont juste changé de casquette. » Sur les plateaux de télé pullulent ces résistants de la dernière heure venant gratter leur petite part de pouvoir et leur droit afférent à punir, détruire, humilier. N’oublions pas le propos d’Emmanuelle Devos pour défendre MeToo : « Bien sûr qu’il y a des têtes qui vont tomber qui n’auraient pas dû tomber, mais ça, ce sont les révolutions. C’est comme ça. » Pour des révolutionnaires, un innocent en prison ou banni de la société, ça n’est pas grand-chose.
Blasphématrice!
Fourest se voit vomie, piétinée, calomniée, éjectée du camp féministe. Le féminisme, ce n’est plus elle, c’est Judith Godrèche. Sainte Judith répond à Caroline la blasphématrice, qui ose critiquer ses méthodes : « Aujourd’hui en France, les conservateurs et conservatrices de tous poils osent moins s’opposer frontalement à MeToo. Mais leur tactique c’est de revendiquer un juste milieu, contre les excès de MeToo. (…) Et bien sûr, quand on veut discréditer une victime sans s’en prendre ouvertement à elle, pour ne pas avoir l’air antiféministe, on l’accuse d’être une marionnette. C’est ce qu’on dit de moi. C’est ce qu’elle dit de moi. Mais n’est-ce pas là le sexisme le plus cru ? » Caro a décroché le cocotier ! Décorée du titre de « sexiste » par Sa Majesté Godrèche en personne ! Fourest semble secouée. Bien qu’ayant déjà affronté les catholiques intégristes, les homophobes et les islamistes, c’est, dit-elle, le livre le plus difficile qu’elle ait eu à écrire. Eh bien, qu’elle soit remerciée, car ce livre est un cadeau inestimable pour tous les dissidents de MeToo, une arme qu’ils utiliseront en hurlant – avec force et joie ! – « Et c’est une féministe qui l’écrit ! »
Le Vertige MeToo: Trouver l'équilibre après la nouvelle révolution sexuelle
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