La psychanalyste Caroline Eliacheff nous révèle son allégeance intime et sa dette envers la comtesse de Ségur. Un coupable penchant ?… Mais non, qu’allez-vous encore imaginer !
On peut penser que la comtesse de Ségur, à son corps défendant, a fait davantage que Lénine pour promouvoir les idées socialistes, et mieux que Sade pour vanter les bienfaits de la fessée ! On ne l’imagine pas plus sans sa plume et son encre bleue que Madame du Deffand sans poudre et sans laquais ou George Sand (que la comtesse n’aimait pas) sans cigare et sans amant.
Chut !… ici, les gros mots ne sont pas permis, le Bon Dieu nous entend. Avez-vous fait votre prière, les enfants ? Maman nous surveille. Ce sera bientôt l’heure du goûter, mes pigeons ! À la fin, les gens pauvres mais honnêtes seront récompensés, et les méchants punis.
Mais je m’égare, pardonnez-moi, car ce n’est pas l’esprit dans lequel Caroline Eliacheff aborde les romans de la comtesse de Ségur, née Rostopchine (1799-1874) ; et pour une fois il me faut taire mon déplorable penchant à me moquer devant une sensibilité qui n’est pas tout à fait la mienne.
Quoi de plus secret que la vie d’une femme – par exemple une immigrée russe mariée à un Français, exilée à 13 ans de sa cerisaie natale et convertie au catholicisme gallican ? Par quels détours de l’Histoire,
