Est-il bien raisonnable de laisser un cinéaste déraisonnable commenter chaque mois l’actualité en toute liberté ? Assurément non. Causeur a donc décidé de le faire.
Mon parcours et deux de mes films (La Journée de la Jupe et Arrêtez-moi) témoignent de ma conviction sur la nécessité du combat féministe. Je ne fais pas partie de ceux qui ricanent ou lèvent les yeux au ciel aux mots harcèlement, sexisme, viol… et la liste est longue.
J’ai en revanche beaucoup de difficulté à adhérer au discours féministe communautariste dont Caroline de Haas est devenue l’incarnation à la force du poignet. (N’y voyez aucune allusion graveleuse.) Son féminisme me fait furieusement penser à l’antiracisme des Indigènes de la République : un racisme à l’envers incarné à la perfection par le radicalisme sectaire des dirigeantes des deux mouvements. Ses dernières déclarations dans L’Obs ne font que me conforter dans la défiance qu’elle m’inspire : « Un homme sur deux ou sur trois est un agresseur [sexuel]. » Résultat obtenu en suivant, d’après elle, une « logique infaillible » : « Il est admis qu’une femme sur deux a été victime de viol, d’agression ou de harcèlement. »
Caroline de Haas, l’indignation sélective
Ici, petite pause, car si un viol ou une agression physique sont objectivement faciles à qualifier, agression verbale et harcèlement sont deux notions qui varient considérablement suivant qui les apprécie. Si je me réfère aux critères de madame De Haas, on peut raisonnablement estimer qu’environ trois femmes sur deux ont
