Les carnets de Roland Jaccard
Ce que le paradoxe est dans la sphère des idées, la perversité l’est dans l’ordre de la passion. Toute âme passionnée recèle un fond de perversité, tout comme l’intelligence a besoin d’être constamment aiguillonnée par la fulgurance de pensées abjectes. Sans perversité, la passion s’étiole. Sans paradoxe, la pensée s’éteint.
L’homme élégant se fait un devoir de cultiver une pensée paradoxale, ainsi que la forme de perversité qui lui siéra le mieux. Sans ces deux atouts, il n’est qu’un rustre ou un idéologue, bref un homme sans esprit. La morale lui tiendra alors lieu de viatique, la famille de refuge, la religion d’idéal et les partis politiques de déversoir à ses ressentiments.
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Dino Risi, le grand cinéaste italien, après avoir assisté à l’élection de Miss Italie, a eu ce mot fameux : « Pour se faire passer l’envie des femmes, il suffit d’assister à l’élection de Miss Italie. » Déclaration à portée universelle, bien entendu.
