Stanislas de Larminat, ingénieur agronome ne se qualifie pas de climato-sceptique, convaincu qu’il ne peut être question de douter de la période chaude contemporaine. Il se positionne néanmoins en « dissident », refusant de considérer qu’un consensus soit une preuve scientifique alors qu’il ne s’agit que d’un argument d’autorité n’apportant aucune autorité aux arguments...
Malgré mes 75 ans, je réalise actuellement un tour de France à pied. C’est pour moi une double occasion de contacts, tant avec des personnes, généralement de classe moyenne et engagées dans la cité, qu’avec des hôtes proposant des hébergements et/ou des repas, généralement de milieux plus modestes. Je tire, de ces contacts, le constat suivant : quand je rencontre des classes moyennes, souvent engagées dans une démarche de conversion des mentalités de leur entourage (professions intellectuelles, artisans, chefs d’entreprises, …), je propose des conférences ou des entretiens avec, par exemple, des référents locaux chargés de l’écologie.
Un discours différent de celui des médias
Force est de reconnaître que ces personnes sont totalement sous influence des discours qu’ils entendent dans les médias, et de toutes sortes de messages qui, tous, relaient des informations très consensuelles sur l’écologie. J’explique rapidement que les actions écologiques pour protéger l’environnement proche, au plan local, sont utiles mais que la litanie des peurs planétaires n’est pas justifiée.
Ceux qui s’efforcent de raisonner, sont complètement surpris par des arguments qu’ils n’ont jamais entendus (cause solaire du réchauffement, absence d’indicateurs mondiaux d’extinction des espèces, calculs infondés du jour du dépassement, ressources naturelles évoluant au fil de l’évolution des technicités d’une époque donnée, …). Les plus honnêtes d’entre eux sont demandeurs de poursuivre les échanges par mails. Ils acceptent que la peur puisse être le fruit du mensonge, le véritable ennemi social, et qu’ils peuvent, dans leur engagement, devenir les collaborateurs de cet ennemi en colportant cette peur avec des arguments qu’ils n’ont jamais eu l’occasion d’aller vérifier.
J’ai le souvenir de jeunes venant me rencontrer après une conférence : « Merci de ce que vous dites ! On respire vraiment à entendre votre discours optimiste, dénonçant les faux catastrophismes ».
Utiliser la peur pour gouverner
Je rencontre également des personnes plus représentatives d’une certaine « France d’en bas » (employés, ouvriers qualifiés,…) qui sont en général propriétaires de leur maison. Elles essaient de tirer un petit revenu complémentaire avec une activité de maison d’hôtes. Je développe auprès d’elles un discours écologique commençant par une question assez simple : « de quoi n’avez-vous pas peur ? En matière de santé: peur du virus, du cancer, du handicap, de la mort ? En matière d’écologie : peur des OGM, du réchauffement climatique, de la disparition de l’ozone, du glyphosate, d’une pénurie d’eau, des pesticides, de la 6ème extinction des espèces et des abeilles, de la surpopulation, de la raréfaction des ressources et du jour du dépassement planétaire, peur pour les générations futures… ? Ne croyez-vous pas que la peur est devenue un instrument de gouvernance ? ».
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Lors de ces rencontres en marchant ou pendant les repas offerts autour d’une table d’hôte, ces personnes sont souvent entourées de leurs enfants, chômeurs, ou exerçant des emplois temporaires de moniteurs de ski, de peintres en bâtiments, de chauffeurs de taxi, etc… Ils ont conscience d’être manipulés par les médias, mais sont incapables de dire comment. Certains jeunes en arrivent à ne plus jamais écouter la télévision considérant qu’ils étouffent.
Les explications que je peux être amené à leur soumettre les convainquent assez vite, même s’ils n’avaient aucun argument auparavant pour étayer leurs intuitions. Je pense à telle femme rentrant de son marché, en boitant, sous le poids de son cabas, pendant deux kilomètres et n’ayant visiblement pas le revenu lui permettant d’aller faire son marché en voiture. Je pense aussi à cette vieille dame courbée en deux pour cueillir des pissenlits, « ni trop gros, ni trop petits », pour se faire « une petite salade ». Toutes ces personnes survivent au quotidien. Les discours écologiques sont inaudibles pour eux.
« Populaire » et « populiste » n’ont pas le même sens
En bref, contrairement aux écolos-bobos, toutes ces personnes attendent des discours non-anxiogènes. Ils sont loin des discours écolos. Avec cette « France d’en bas », on est très loin de la pensée des élites de la « France d’en haut » qui, malgré un niveau d’instruction élevé, ont beaucoup de difficulté à ne pas être conformistes. Pourquoi ce paradoxe ? Les élites ont trop peur de se faire qualifier de « populiste » ! Un candidat au suffrage universel pourrait être beaucoup plus populaire qu’on le croit à refuser le consensus écolo. Pour ne pas craindre un tel positionnement, il devrait distinguer le sens des mots populistes et populaires.
C’est l’écologie politique qui est devenue populiste en se cachant derrière une forme de démagogie, cherchant à diviser les opinions et à servir les intérêts économiques des plus puissants. Il y a une prétention d’établir le populisme comme une grille de lecture de la réalité sociale, mais qui ignore la légitimité de la notion de peuple. Le populisme est malsain lorsqu’il cache l’habileté d’un individu à captiver afin d’instrumentaliser politiquement la culture du peuple, grâce à quelque symbole idéologique, au service de son projet personnel et de son maintien au pouvoir. Parfois, on cherche à gagner en popularité en exacerbant les penchants les plus bas et égoïstes de certains secteurs de la population.
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Au contraire avoir la posture d’un dirigeant populaire, c’est être capable d’interpréter le sentiment d’un peuple, son intelligence collective, sa dynamique culturelle et les grandes tendances d’une société. C’est en rassemblant et en dirigeant, qu’on peut servir de base pour un projet durable de transformation et de croissance qui implique aussi la capacité d’accorder une place à d’autres en vue du bien commun. Ce qui est réellement populaire contribue au bien du peuple.
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