Alors que la France en marche, jeune et progressiste, reste terre de prohibition, figurez-vous que la Pologne catholique et populiste vient d’autoriser l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques ! Si ce n’est pas une révolution, on aimerait bien savoir ce que c’est.
Pour que les malades qui en ont besoin – environ un million d’après les estimations des spécialistes – puissent bénéficier du traitement tant attendu, encore faut-il être sûr que la matière première ne manque pas. Autrement dit, afin de fabriquer les médicaments qui contiennent du THC, il est malheureusement nécessaire de produire ou d’acheter du cannabis. Et c’est là que les choses se corsent. Car si la majorité des députés polonais ont voté en faveur du cannabis sous prescription, ceux du parti gouvernemental Droit et Justice ont réussi concomitamment à en faire interdire la production.
Les conservateurs expliquent qu’on pourrait sans peine détourner cette production thérapeutique à des fins récréatives, et se réfèrent à ce qu’on pourrait qualifier de « jurisprudence patate ». Censées nourrir les pauvres, les pommes de terre ont fini par faire le bonheur des distilleries de vodka, voire de spirytus, un alcool local qui titre à 90°.
Cet argument historique semblait imparable, mais un élu de l’opposition, Piotr Liroy-Marzec, a eu la bonne idée de le neutraliser en s’adressant non pas à la raison de ses collègues mais à leur cœur : « Si vous vous dites patriotes, pourquoi ne voulez-vous pas qu’on cultive le cannabis chez nous, en Pologne ? Pourquoi ne permettez-vous pas à la Pologne de s’enrichir ? Sinon ce sont les autres qui y gagneront et pas nous ! ».
Et ces autres-là, brrr, mieux vaut ne pas penser qui ils sont… En vertu de quoi le parlement polonais promet de se pencher très rapidement sur la réforme qui permettrait de remplacer nos tristes champs de pommes de terre par de l’herbe à perte de vue.