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Légaliser pour mieux sécuriser?

Jean-Paul Brighelli évoque la légalisation du cannabis


Légaliser pour mieux sécuriser?
Journee Mondiale pour la legalisation et la depenalisation du cannabis. Place de la Bastille, Paris, France, le 29 avril 2017. NICOLAS MESSYASZ/SIPA/1704291912

Il n’y a plus guère de semaine où la gendarmerie, cette austère protectrice des bonnes mœurs françaises, ne découvre une plantation de cannabis autochtone. Il y a quelques jours, c’était à Campagne, dans l’Hérault, à deux pas de Sommières, pour ceux qui connaissent. Un hardi horticulteur y faisait gentiment pousser dans une serre de jardin, pour sa consommation personnelle, des plants hauts d’1,80 m. Immédiatement saisis par les hardis pandores…
La région, aussi aride que le Rif, surtout depuis que le réchauffement climatique y dessine le modèle de nos regs futurs, mais suffisamment pourvue de cours d’eau, se prête merveilleusement à ces expériences agricoles. En 2013, c’étaient 1800 plants de chanvre indien qui étaient découverts dans le Gard. David Weinberger, sociologue rattaché à l’Institut des hautes études de la sécurité et de la Justice, tout en rappelant que seuls 5 à 10% des cannabiculteurs sont des « commerciaux » rattachés au grand banditisme (mais ils produisent 40% de la marchandise), en profitait alors pour signaler, sur Atlantico, qu’    « un plan de cannabis acheté entre 50 centimes et 1 euro peut produire entre 100 et 400 grammes tous les 4 mois, donc un plant peut facilement rapporter entre 3000 et 10000 euros par an. La quantité de cannabis produite et consommée en France représente 12% de la consommation globale française. Ce marché global est estimé à 835 millions d’euros. Y pas de p’tit profit.»
En ces temps de serrage de la ceinture des autres et de restrictions tous azimuts, je me permets de signaler humblement au gouvernement qu’il y a là une source évidente de revenus que par entêtement idéologique il laisse échapper. Les 1800 plants détruits ce jour-là rapportaient près de 5 millions d’euros par an, pour une mise de fonds dérisoire.

J’ai interrogé Alfred P***, aujourd’hui retraité de la police qu’il a servie pendant 35 ans, à Paris puis à Marseille. Les descentes à Bassens, La Castellane, aux Lauriers ou à Campagne-Lévêque, il connaît. Il est résolument pour une légalisation du shit.

« D’abord, raisonne-t-il en homme averti, cela permettrait de déplacer sur d’autres types d’affaires une bonne part des brigades affectées à la lutte contre les stupéfiants. À l’heure où la criminalité (et je ne parle pas des homicides, sur lesquels on a braqué les projos, histoire de faire oublier le reste) est en hausse nette, particulièrement les braquages à domicile et les vols à la fausse qualité (une fois par heure, toute l’année, de faux agents EDF, voire des flics-bidon, se présentent chez des personnes âgées pour leur soutirer leurs économies), ce serait un redéploiement bien nécessaire. Et populaire, à l’heure où les forces de l’ordre, utilisées en dépit du bon sens pour la sécurité du régime, concentrent les critiques. » Quel répit pour Castaner !
« Ensuite, ce serait une soupape heureuse pour les buralistes, durement concurrencés dans la vente des cigarettes par tous les revendeurs à la sauvette. On achèterait ses joints par paquets de cinq, avec la garantie de s’offrir de l’herbe de bonne qualité, exempte des additifs que les « charbonniers » y ajoutent pour renforcer les effets d’un produit coupé avec du cirage…

>>> Lisez la suite sur le blog de Jean-Paul Brighelli <<<



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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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