Cancer: pas de miracle mais une lueur d’espoir


Cancer: pas de miracle mais une lueur d’espoir

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La recherche scientifique et médicale est en perpétuelle ébullition et, surtout lorsqu’il s’agit du cancer, on crie vite au miracle à chaque nouvelle avancée. Il faut dire que, bien souvent, un article austère et prudent publié dans une revue professionnelle réputée comme le NEJM (New England Journal of Medicine) devient, vulgarisé dans les médias grand public, l’annonce d’une victoire proche sur la maladie. Mais si l’on se garde d’annoncer un avenir radieux tous les quatre matins, on peut trouver dans les pages de ces augustes publications scientifiques certaines découvertes prometteuses. C’est le cas des résultats d’une récente étude révélant l’existence une protéine qui ouvre de nouvelles perspectives de recherche, notamment dans la lutte contre le cancer.

C’est à la Clinique Mayo, qui, avec presque 4000 chercheurs et un personnel médical de 50 000 employés, est l’un des meilleurs hôpitaux et centre de recherche des Etats-Unis, que le mécanisme a été identifié. Pour la première fois, des cellules cancéreuses agressives provenant de poumons, seins ou prostates, ont été changées en cellules bénignes. Et ce en restaurant une fonction qui empêche les cellules de se multiplier sans limites.

Les tests n’ont jusqu’ici été effectués qu’en clinique mais les chercheurs se montrent relativement confiants. Pour eux, la protéine concernée pourra un jour être utilisée afin de cibler des cellules cancéreuses que l’on pourrait « éteindre » sans avoir à recourir à la chimiothérapie ou à la chirurgie. Le professeur Panos Anastasiadis, du département de cancéro-biologie, interrogé par le Telegraph se montre optimiste à la vue de ses résultats: « On devrait être capable de remettre les freins sur ces cellules et de leur rendre leur fonction première ». Selon lui, cette découverte « représente un nouveau moyen inattendu qui fournit le code pour arrêter le cancer. », assure-t-il.

À l’origine du mécanisme en question se trouve la protéine PLEKHA7. Cette dernière se trouve dans des microprocesseurs biologiques appelés microARN. Schématiquement, il existe une sorte de colle qui maintient les cellules ensemble. Les microARN se situent dans cette colle et ont pour rôle de donner ordre aux cellules de se diviser jusqu’à ce qu’elles se soient suffisamment multipliées. Au sein de ces microprocesseurs, la protéine PLEKHA7 ordonne aux cellules de mettre fin à leur reproduction.

En agissant sur les microARN des cellules cancéreuses, les médecins se sont concentrés sur deux processus pouvant être mis à profit. Le premier processus arrête la prolifération des cellules cancéreuses en enlevant les microARN de celles-ci. Or, en retirant ce microprocesseur organique, on coupe le flux d’information qui active la reproduction des cellules cancéreuses.

Le second procédé possible est l’injection de la protéine PLEKHA7 directement dans ces cellules. En effet, les cellules cancéreuses se développent sans frein dans l’organisme. En injectant une forte dose de cette molécule dans des cellules cancéreuses, les scientifiques ont réussi à stopper la prolifération. « Nous avons effectué cette expérience dans des cellules humaines très agressives venant de cancers du sein ou de la prostate » a expliqué le Dr Anastasiadis. « Ces cellules manquent déjà de PLEKHA7 » ajoute-t-il. Restaurer le taux de PLEKHA7 permet de ramener ces cellules à un état bénin ».

D’après plusieurs experts britanniques du cancer, cette étude résout un problème sur lequel les biologistes ont travaillé durant des décennies : la multiplication sans entraves des cellules cancéreuses. « C’est une trouvaille inattendue » explique au Telegraph le Docteur Chris Bakal, spécialiste du changement de forme des cellules cancéreuses à l’Institut de Recherche sur le Cancer de Londres. À l’en croire, ces études ouvrent de nouvelles voies dans la lutte contre les cellules cancéreuses. Néanmoins, il se montre réservé et pense que cette découverte n’aura pas de conséquences révolutionnaires ipso facto : « Je pense que l’on peut difficilement arrêter une tumeur en inversant seulement un mécanisme, mais cela reste une découverte très intéressante. ».

Henry Scowcroft,  du Centre de Recherche sur le cancer du Royaume-Uni, partage ces réserves : « Cette étude importante résout un mystère biologique qui a fait long feu, mais nous ne devons pas nous réjouir trop vite » répond-il au Telegraph. « Il reste un long chemin avant de savoir si ce type de découverte, effectué en laboratoire, pourra permettre de traiter le cancer. Mais c’est un pas en avant significatif dans la compréhension de la croissance cellulaire. Comprendre ce concept-clé est crucial pour soutenir les progrès des dernières années dans la lutte contre le cancer ». Autrement dit, si cette découverte ne changera pas la face de la médecine, elle laisse espérer que nous pourrons un jour affronter le cancer à armes égales.

*Photo : wikimedia. 



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