Les grandes déclarations humanitaires d’accueil aux migrants que fait Justin Trudeau cachent une politique migratoire assez restrictive.
Il y a deux ans, Justin Trudeau s’affichait en photo sur Facebook de réfugiés accompagné du message « Bienvenue au Canada ». Sur Twitter, le chef du gouvernement canadien rappelle régulièrement aux réfugiés que les portes du Canada leur sont ouvertes. Voici une stratégie de communication qui n’a rien à envier à celle que Sibeth Ndiaye impose à l’Elysée, Trudeau martelant urbi et orbi que le Canada reste le premier de la classe niveau tolérance, jusqu’à publiquement condamner la politique migratoire de Trump.
Pourtant, ne vient pas au Canada qui veut. En se renseignant auprès des services de l’immigration, on découvre une sévérité et une méfiance insoupçonnées. Afin de poser un pied sur la terre promise de James Cook, les aspirants immigrants devront remplir une palette de critères essentiellement basés sur l’intérêt économique qu’ils présentent pour le marché économique canadien.
Pas d’eldorado pour les migrants
Côté immigration économique, le Canada ouvrira ses portes à n’importe quel européen dont le compte déborde de billets. S’il a breveté une invention que les services de l’immigration canadienne jugent assurément lucrative ou qu’il exerce le métier de chef de projet en ingénierie ou de consultant financier, ce sera dans la poche.
Mais les choses se corsent pour les demandeurs d’asile. C’est l’unique catégorie qui doit fournir son empreinte digitale ainsi qu’une photo d’identité. Pas folle la guêpe canadienne ! S’il est impossible de déterminer à l’avance l’octroi (ou non) du droit d’asile d’un réfugié, peuvent d’ores et déjà déclarer forfait ceux qui sont entrés sur un point terrestre depuis un tiers pays sûr (si vous fuyez une dictature où votre tête est mise à prix, pensez à décocher les Etats-Unis de votre itinéraire), ceux qui ont déjà obtenu le droit d’asile ailleurs, les déboutés, et bien évidemment les individus qui pourraient représenter un danger pour Ottawa.
Comme l’Australie, mais dans une moindre mesure, le Canada fait le choix d’une politique migratoire restrictive. Il souffre des mêmes peurs que ses partenaires occidentaux, sans toutefois les assumer. Trudeau s’emploie même à les cacher.
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