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Canada: adieu « madame », « monsieur », « père », mère » !

La société se dilue dans l'idéologie du genre


Canada: adieu « madame », « monsieur », « père », mère » !
Gay pride de Montréal, 2009. Sipa. Numéro de reportage : SIPAUSA31125064_000156.

En Occident, la mode est à la dissolution. Dissolution des identités culturelles dans la marchandise. Dissolution des récits nationaux dans la repentance. Dissolution des genres biologiques dans l’utopie androgyne. Le Canada, depuis l’élection de Justin Trudeau, est un véritable paradis pour les partisans de cette tendance.


La semaine dernière, le Journal de Montréal apprenait aux Québécois que Service Canada, l’organisme censé faire le lien entre les citoyens et le gouvernement fédéral, avait demandé à ses intervenants en première ligne de cesser d’utiliser les mots « monsieur », « madame », « père » et « mère » au profit du prénom et du nom des gens et du terme « parent ». L’objectif ? Dégenrer le langage avec lequel on s’adresse aux citoyens pour ne pas offusquer les minorités sexuelles, comme on a dégenré récemment l’hymne national canadien en y changeant certains mots.

On n’a qu’à bien se tenir!

Cette épuration progressiste engendre de multiples paradoxes. Notons d’abord il n’y a pas aujourd’hui plus incorrecte position que celle de la majorité. Les cis-genres (ceux dont le sexe biologique – Ô! Horreur – correspond au sexe psychologique), les hétérosexuels, les occidentaux blancs n’ont qu’à bien se tenir. Leur position de majoritaires, de dominants historiques, les rendent cibles de toutes les tyrannies progressistes.

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L’auto-flagellation est pour eux obligatoire, sans quoi le goudron et les plumes les attendent au détour. Leurs délateurs et bourreaux seront généralement d’autres normaux, mais des normaux moralement supérieurs aux yeux des idéologies hypermodernes à la mode, des normaux ayant fait preuve d’une ardeur particulière dans le coup de fouet contre leurs traits constitutifs.

La société se liquéfie

De cette dissolution des appartenances traditionnelles émerge systématiquement une fragmentation identitaire délirante. Ainsi, on proposera aux nouveaux inscrits sur Facebook des dizaines de genres possibles (parfois au-delà de 70). On attend avec impatience que le Canada de Justin Trudeau propose à ses citoyens de se définir comme gender fluids ou two-spirit et inclue dans ses communications officielles les pronoms neutres « iel » et « ol » afin de ne heurter personne… ou de heurter tout le monde, sauf ceux souffrant de troubles de l’identité sexuelle.

De cette fragmentation émergent non pas de nouvelles communautés d’appartenance, mais la déliaison généralisée des sociétés. C’est, de loin, l’effet le plus paradoxal du lot, et celui ayant les conséquences les plus perverses.

En déstructurant les identités, en relativisant outrageusement ce qui les constitue, on rend très difficile le fait de se penser comme membre d’un groupe. Un grand vide s’en suit. Un vide collectif d’abord, puisque le groupe se perd lui-même de vue. Puis ensuite un vide ressenti au plus profond d’eux-mêmes par les individus autrefois liés.

L’individu atomisé cherche la fuite

Ce vide existentiel est douloureux et engendre une certaine détresse chez ceux qui le perçoivent avec plus d’acuité : dépression, anxiété, dépendances diverses afin de le remplir. L’individu atomisé cherche la fuite. Sa culture s’amenuise, et son langage s’appauvrit. Il flétrit, s’affaisse sur lui-même. Il donne certes l’impression de communiquer plus que jamais, d’être plus ouvert au monde que jamais il ne le fut auparavant. Il facebook ses états d’âme. Il met en scène sa vie sur Instagram. Mais profondément, il fane, comme une fleur séparée de ses racines, isolée de ses semblables, sans rien pour la polliniser, ni vent, ni insecte. Tout cela au nom du sacrosaint progrès. Mais du progrès de quoi? De qui?

Il est rare que les intellectuels fassent de bon gré le lien entre les idéologies dites progressistes et le triomphe du marché tout-puissant.  Forts de la pensée socialiste, les deux sont, dans la tête des progressistes, généralement perçus comme aux antipodes. Or, aujourd’hui, c’est exactement le phénomène inverse qui s’observe. Les lubies progressistes de déconstruction des identités, des nations, des genres créent un vacuum sociétal dans lequel s’installe un marché toujours plus envahissant et régulateur du lien entre les individus.

Le vrai visage du Canada

Rien de plus perméable à la consommation effrénée que l’individu atomisé. Et rien de plus doux pour le marché que de fournir de la marchandise mondialement uniforme à des individus ne se revendiquant plus de rien, vidés de toute substance.

Voilà donc le vrai visage de ce Canada si moralement supérieur que l’on célèbre à gauche et à droite dans le monde depuis la prise de pouvoir du Liberal Party en 2015. Sous prétexte d’être à l’avant-garde de la morale, on vide les canadiens du peu qui les liait entre eux. Gageons que les grands argentiers de la planète s’en pourlèchent chaque jour les babines.

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Jenny Langevin est étudiante et chroniqueuse culturelle et sociopolitique. Elle contribue à divers médias québécois, dont L'Action Nationale, la revue Argument, La Presse et le Huffington Post Québec. Elle s'intéresse particulièrement aux rapports entre l'évolution de la littérature et de la culture populaire en lien avec les enjeux sociaux contemporains.

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