L’équipe de Marseille a connu sa première défaite à Valenciennes : 4 à 1.
C’est dérisoire par rapport à la manière dont la belle cité phocéenne est entrée récemment dans le débat public et médiatique à la suite de la révolte de certains de ses habitants contre des Roms qui installés depuis quelques jours étaient soupçonnés d’avoir commis vols, déprédations et nuisances. La police est intervenue et à l’évidence n’a rien trouvé à redire à l’action de ces citoyens qui ont réagi en brûlant apparemment un modeste campement. Le parquet de Marseille a lui-même minimisé la portée de ces incidents et de leurs conséquences.
Le hasard fait qu’ayant participé à un colloque remarquablement organisé mais agité à Lyon au sujet de ce thème à peine provocant: Faut-il supprimer la prison ?, j’ai rencontré à cette occasion le procureur général Jacques Beaume, personnalité chaleureuse, lucide et passionnée par son métier, qui m’a appris que ses cinq années les plus stimulantes et en même temps les plus épuisantes s’étaient déroulées à Marseille où il avait été procureur. Je n’ai eu aucune difficulté à le croire.
La justice aujourd’hui à Marseille serait « à bout de souffle » (Journal du Dimanche).
Sans relier directement l’épisode des Roms à ce constat, il est évident que celui-là ne saurait être traité à la légère parce qu’il révèle au moins qu’à un certain moment des Marseillais exaspérés, plutôt que de faire appel à la police et aux institutions, ont préféré régler le « problème » eux-mêmes.
Il serait trop facile de traiter de haut, avec une sorte de condescendance vertueuse, ces comportements alors que personne, ne l’ayant pas vécu et subi, ne peut mesurer le poids d’un environnement destructeur au quotidien.
Marseille donne un signal. Il y aura forcément d’autres révoltes si ne sont pas suffisamment prises en compte doléances, réclamations, plaintes et exigences de tranquillité publique. On ne laisse pas en déshérence des appels au secours.
L’Etat est de retour, annonce Najat Vallaud Belkacem (Le Parisien). On pourrait faire de l’ironie si cette phrase au demeurant discutable avait prétendu s’appliquer à ces troubles marseillais.
Plus que jamais, le ministre de l’Intérieur, qui s’efforce de tenir les deux bouts de la chaîne – humanité et fermeté, un Etat qui protège et réprime quand il le faut, une démocratie qui se défend sans se renier – représente la vision équilibrée dont la République a besoin. Sans lui, sans elle, avec le soutien et la confiance du président, seraient à craindre de multiples « légitimes défenses » fondées sur un civisme dévoyé et à la fois désespéré. Une autre conception de la sécurité serait suicidaire: qu’il y ait un laxisme du Pouvoir, il y aura alors une France qui prendra tristement, dans ces domaines sensibles, en main son destin. Avec le pire à répétition.
Ecoutons le signal de Marseille.
*Photo : Parti socialiste.
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