« Non, Monsieur, non, vous n’allez pas vous coller au plateau, c’est pas vrai ! » En Suisse, le week-end dernier, un animateur télé est exaspéré, lorsqu’un activiste écologiste interrompt le programme et se colle la main sur la table lors d’un débat électoral. Mais, sur France inter, la journaliste Camille Crosnier estime que c’est l’animateur qui est en tort.
Sur France Inter, Camille Crosnier, chroniqueuse dans l’émission “La Terre au carré”, consacrée à l’écologie, applique à la lettre la charte dite du « tournant environnemental » de la radio publique. Non seulement Camille Crosnier ne discute jamais les enseignements des rapports du GIEC, mais elle ne qualifie jamais autrement que par le terme de « climatosceptique » – qui est à l’écologie ce que le mot « réactionnaire » est à la politique – toute personne qui va à l’encontre du dogme. À la radio publique, on appelle ça: « faire vivre un espace public contradictoire et civilisé ». C’est beau comme du Orwell !
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Sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez
Camille Crosnier aime beaucoup les activistes écolos. Le 30 mars, elle faisait l’éloge de la militante écologiste Mathilde Caillard, laquelle est incapable d’aligner deux phrases correctes d’affilée mais peut danser en braillant un court slogan dans les manifestations tout un après-midi. Cette assistante parlementaire de la députée LFI Alma Dufour, quand elle ne trépigne pas dans les rues de Paris, déclare au micro de France Inter: « C’est difficile la lutte, c’est ingrat, on encaisse des défaites et on le pense rarement au prisme des besoins. Les besoins qu’on a, c’est des espaces de respiration, des espaces de joie. Parce qu’en fait, le monde qu’on veut voir advenir, c’est un monde joyeux et les modes d’action qu’on utilise sont déjà en train de préfigurer le monde qu’on veut voir advenir. » Je serais Mathilde Caillard, je continuerais de danser et m’abstiendrais de parler. Dans le doute, il restera sûrement quelques journalistes bienveillants pour continuer de lui prêter une demi-once d’intelligence.
Le mercredi 3 mai, Camille Crosnier rapporte avec gourmandise une scène qui s’est déroulée sur le plateau d’une télévision suisse (notre vidéo ci-dessous). Tandis que des représentants politiques attendent les résultats d’élections se déroulant dans le canton de Genève, un membre d’Extinction rebellion pénètre sur le plateau et se colle la main sur le pupitre du journaliste animant l’émission. Ce dernier est consterné, le public hurle son dépit et demande à l’activiste de dégager, celui-ci est évacué sous les huées.
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Tout cela a beaucoup ému la journaliste de France Inter qui a joint Vincent, l’activiste écolo, afin « qu’il nous raconte son vécu ». Vincent dit avoir « hésité à deux fois avant d’y aller », puis avoir pensé que « c’était trop important » avant que de convenir qu’il n’avait « pas envie d’être là » mais « qu’il se passait quelque chose, quoi… » Nous ne saurions trop conseiller à Vincent de suivre la voie de sa consœur en lutte, Mathilde Caillard, de se mettre à la danse et de s’en tenir là.
La gauche et la culture du débat
Quant à Camille Crosnier, elle est très heureuse d’apprendre aux auditeurs que l’action de Vincent n’a pas servi à rien. En effet, le journaliste de la télé suisse invite l’activiste à « dialoguer sereinement, avec un micro, un peu plus de temps, du fond et de la courtoisie réciproque ». Vincent est content: « C’est quand même un coup qui valait la peine, ça force les gens à discuter, ça amène le débat. » Camille opine. Nous aussi: il est bon de savoir qu’un acte rebelle bien senti – collage de main sur le bureau, vissage de pied sur le plateau ou cloutage de testicule sur le micro de Camille – pourrait constituer les prémices de négociations fructueuses avec la radio publique en vue d’un débat ouvert, pluraliste, démocratique, républicain, et toutes ces sortes de choses, sur les conclusions du GIEC ou, mieux encore, sur le grand remplacement. Allez zou ! un tour à Bricorama et… en route pour la Maison Ronde!
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