Les autorités cambodgiennes s’inquiètent des abus croissants dont souffrent les primates.
Au Cambodge, des centaines de singes règnent sur les ruines d’Angkor. Malins, amusants, voleurs ou câlins, ils font la joie des touristes qui ne se lassent pas de poster des vidéos de leurs facéties sur les réseaux sociaux. Un succès qui cache pourtant une réalité moins glamour, plus sombre, voire macabre.
Victimes de nos clics
Selon l’APSARA, le bureau cambodgien qui supervise le site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, devenus domestiques, les primates sont victimes d’abus et la proie d’influenceurs locaux. Ces derniers n’hésitent pas à les violenter pour obtenir les scènes qu’ils souhaitent diffuser sur leurs profils personnels, afin d’obtenir un nombre de vues leur permettant de générer de l’argent. Un marché juteux pour les Cambodgiens, pourtant pointés du doigt, qui en tirent d’énormes bénéfices financiers. Un YouTubeur, ancien conducteur de tuk-tuk, explique d’ailleurs qu’il a commencé à filmer des singes pendant la pandémie de COVID-19, afin de retrouver un niveau de vie acceptable, quand un autre affirme que ces revenus lui permettent d’accéder à des soins médicaux.
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L’APSARA a diligenté une enquête auprès du ministère de l’Agriculture afin de recueillir des preuves en vue de poursuites judiciaires contre les auteurs de ces vidéos. Divers protecteurs de la cause animale ont également lancé un appel aux internautes, leur réclamant de boycotter ou cesser de regarder ces vidéos. « Si les gens qui n’aiment pas ce genre de choses arrêtaient de les regarder, cela aiderait vraiment à résoudre le problème des abus », affirme Nick Marx, directeur du sauvetage et des soins de la faune sauvage à la Wildlife Alliance, dans une interview vidéo relayée par AP News.
Demandes à distance
Récemment, une enquête de la BBC a révélé l’existence d’un véritable réseau international qui a conduit à plusieurs arrestations et dénonciations, principalement en Angleterre et aux États-Unis. Des clients payaient des Indonésiens afin qu’ils torturent en ligne des singes, n’hésitant pas à échanger des idées avec d’autres membres sur un groupe Télégram dédié. Malgré ce scandale, le problème persiste. Une situation qui désespère l’APSARA, incapable de pouvoir faire face à l’ampleur du phénomène, peinant à identifier les auteurs de ces séquences, coupables avérés de maltraitance animale au nom de l’égocentrisme numérique.