Monsieur Nostalgie célèbre les 120 ans d’Henri Calet (1904-1956), le journaliste-écrivain des « petites gens »
On l’ouvre au hasard, et, miracle, on le lit encore. À la volée, une chronique, un reportage, un portrait de quelques feuillets, un récit de voyage, comme ça, par plaisir, par désœuvrement, par hygiène intellectuelle aussi. Dans nos bibliothèques garnies de sommités, rares sont les écrivains à tenir la distance et à procurer cette brève et intense immersion dans la littérature avec les rogatons de l’existence. Directe, sans filtre, sans curatelle et appareil critique. Céline et Jules Renard, dans un registre possédé et chirurgical, éruptif et vipérin, offrent le même ondoiement répété. Tant d’autres, couronnés et choyés par les érudits encartés, assomment, jargonnent, grincent, soliloquent, dès la première phrase. Ils sont lourds et souvent inaptes à l’écriture, à la création, en somme, donc, au commerce des mots. Ils ennuient d’abord, puis agacent fermement. On finit par les abandonner dans les rayons les plus élevés, inaccessibles à hauteur d’homme. C’est la punition que je leur inflige dans mon Berry, ma modeste contribution
