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Cachez ce drapeau…


Les deux piliers de la vie sociale britannique, la très puissante British beer and pub association et la non moins puissante Football supporters federation respirent, la MET (London metropolitan police) a démenti avoir demandé aux gérants de pub de refuser de servir les porteurs de T-shirts anglais pendant la Coupe du Monde et de ne pas décorer leurs établissements du drapeau national.

L’affaire a vite pris des proportions énormes dans un pays où le football est une véritable religion qu’on pratique en famille, entre amis, entre supporters du meilleur championnat du monde, sans distinction d’âge, de sexe, ou d’origine sociale… Du prolo syndiqué au trader en casual wear, tous au pub le samedi soir pour vider des pintes et soutenir Chelsea, Arsenal, Everton ou Fulham.

En quelques jours, pas moins de 60 000 supporters se sont émus sur Facebook, via un groupe baptisé « I am against the ban on England Shirts during the World cup »

La MET a-t-elle craint la résurgence de ces manifestations xénophobes qui ont empoisonné le monde du ballon rond anglais dans les années 70 ? A coups de vidéosurveillance, de numéros verts pour dénoncer tout fait suspect, de prise en main des gradins directement par les clubs, d’incrimination vigoureuse des injures racistes, d’augmentation vertigineuse des prix des billets et d’imposition des minorités dans les équipes et les instances dirigeantes, la Football Association a vaincu le racisme dans les stades plus efficacement qu’aucune autre entre Europe. Nos amis italiens ou espagnols pourraient d’ailleurs utilement s’en inspirer.

Très embarrassée, la MET a admis avoir bien glissé quelques conseils facultatifs de dress code aux tenanciers, tout en protestant de son patriotisme entre « supporters raisonnables ».

En a-t-elle fait un peu trop ? Un T-shirt marqué d’une croix de Saint André rouge met-il en péril le multiculturalisme qui fait loi ici ? Dans l’autoproclamé Royaume-Uni, le ridicule est pavé de bonnes intentions et la frontière entre antiracisme et politiquement correct absurde parfois bien floue.



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Agnes Wickfield est correspondante permanente à Londres.

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