Depuis une dizaine d’années, chefs d’entreprise, artisans et commerçants font le même constat: il est de plus en plus difficile d’embaucher de jeunes recrues, même des apprentis. Leur manque de rigueur et d’investissement se double d’une seule obsession: le salaire.
Selon le poète grec ancien, Hésiode, c’est le labeur qui ennoblit l’homme : « En travaillant, tu seras bien plus cher aux dieux et aux mortels : car les oisifs leur sont odieux. Ce n’est point le travail, c’est l’oisiveté qui est un déshonneur[1]. » A-t-on la même vision du travail à notre époque caractérisée par l’hyper-individualisme et l’influence des réseaux numériques, où l’on prône sans cesse le bien-être et la quête personnelle de sens ? Quittons la Grèce d’Hésiode pour les Yvelines modernes afin de recueillir les témoignages de nos artisans et petits entrepreneurs. Serdar, d’origine turque, est maçon. Son entreprise « Tous corps d’état » embauche souvent des salariés malgré les charges sociales et les coûts fixes. Mais depuis six ans, c’est de plus en plus difficile : « Les jeunes ne veulent pas beaucoup travailler. Ils veulent gagner toujours plus d’argent mais l’argent, on doit le mériter. » C’est au point que les candidats, dès le début d’un entretien d’embauche, posent une seule question : « C’est payé combien ? » Beaucoup préfèrent se mettre à leur compte en croyant pouvoir travailler seulement quand ils veulent. Serdar
