Ça s’était joué de peu en Irak où l’attention du public avait été attirée sur le nombre élevé de « soldats de fortune » employés par les étasuniens, véritables armées privées chargées de la sécurité ou du transport des VIP mais aussi, à l’occasion, prenant part directement aux combats comme dans la meurtrière bataille de Falloujah. Néanmoins, leur nombre était resté inférieur à celui des soldats de l’armée régulière. Il semble que ce ne soit plus le cas en Afghanistan où la privatisation de la guerre a atteint un nouveau stade. Officiellement, il y aurait plus de 60 000 « civils » pour 52 000 soldats en uniforme dans les rangs nord-américains. Sachant que les civils en question ont plus souvent un soufflant dans la pogne qu’un stylo d’intendance, on peut donc passer outre la précaution oratoire et parler de mercenaires. On ne saurait trop recommander à l’état-major US la lecture de Salammbô de Gustave Flaubert : ce roman raconte la révolte de mercenaires en colère contre leurs employeurs carthaginois qui n’avaient plus les moyens de les payer. Et quelque chose nous dit que les caisses à Washington, après le sauvetage des banques, ne doivent guère être plus remplies que celles d’Hamilcar Barca. Ça la ficherait mal, à peine de retour de Kaboul, de les voir faire le siège de la Maison Blanche…
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