Si j’étais de très mauvaise foi, j’annoncerais avec la solennité requise que Laurent Joffrin et Ariane Chemin, respectivement grand patron intermittent et exécuteure des basses œuvres du Nouvel Obs après avoir excellemment assumé cette lourde tâche au Monde sous la direction d’Edwy Plenel, sont en train, dans la grande tradition des années 1930, d’inventer un nouveau complot juif dans lequel le danger judéo-lepéniste aurait pris la place de l’hydre judéo-maçonnique. Dans la liste de suspects qu’ils dressent dans le dernier numéro de l’hebdomadaire, quatre noms reviennent en effet en bonne place: Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, Éric Zemmour, sans oublier « tel « républicain-national » qu’on trouve à Marianne »(quoique combattu par ses collègues), élégante formule pour désigner Philippe Cohen et exiger à mots à peine voilés une épuration à Marianne. Chacun, écrit Joffrin, a son style, « « brillant ou laborieux », d’ailleurs j’aimerais bien savoir à laquelle de ces deux catégories j’appartiens, mais tous sont juifs, étrange coïncidence, non ? Il est vrai qu’il y a aussi Ivan Rioufol, mais on ne me la fait pas à moi – « j’ai d’excellents ennemis goys », on connaît la chanson. Je pourrais me draper dans ma dignité de victime, appeler mes concitoyens à résister à la bête toujours immonde et toujours frétillante avant de publier dans une semaine ou deux un opuscule à succès – « Dérapage à l’Obs », lettres rouges, peut-être gothiques, sur fond noir, ça aurait de la gueule. Ce serait chouette, à défaut d’être bien honnête. Encore que je parviendrais sans doute à croire à mes propres âneries[1. Le pire, c’est que je n’ai pas trouvé cette brillante idée toute seule : un ami très cher m’a fait hurler de rire en me disant, le plus sérieusement du monde : « ça ressemble à une chasse aux juifs, non ? »].
Marie-Noëlle Lienemann et Jean-Luc Mélenchon, merci !
Détendez-vous, ce cauchemar brun n’est qu’un rêve. Chemin et Joffrin ont beaucoup de défauts mais pas celui-là. Franchement ce n’est pas de leur faute si les agents actifs de la « décontamination de la pensée FN » sont presque tous juifs. Me voilà donc obligée de répondre, d’autant plus que les camarades Lienemann et Mélenchon qui ont volé au secours de l’ami Philippe Cohen (grâces leur soient rendues pour cela) n’ont pas jugé nécessaire de dire un mot sur les autres inculpés, lesquels n’ont pas le bonheur d’appartenir à la grande famille de la gauche. N’étant pas d’accord avec mes idées, ils ne se battront pas pour que je puisse les défendre et puis quoi encore ! Peut-être ces apôtres de la tolérance ont-ils fait leur l’amusante définition pêchée dans Libération sous la plume de Pierre Marcelle : ce qui « fonde la droite », chers amis, c’est « la progression de l’inhumanité marchande », au moins, on ne se plaindra plus de la disparition du grand clivage[2. Marcelle qui a au moins le mérite de la cohérence sur ce point affirme qu’il aurait fallu interdire le FN. Mais il ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. C’est la droite qu’il faut interdire]. Tout s’explique : tout occupés que nous étions à faire progresser l’inhumanité marchande pour assouvir notre cupidité et celle des « brigands-actionnaires », nous n’avons pas hésité à cachériser les pensées les plus nauséabondes, ceci, toujours selon Joffrin, en « occupant sans relâche studios de télévision et colonnes de journaux pour clamer qu’on nous empêche de parler et jeter à tout va les clichés de la droite conservatrice ou nationaliste. »
Je ne me permettrais pas de donner des leçons de journalisme à quelqu’un d’aussi titré dans la discipline que Laurent Joffrin, mais j’ai bien dû déclarer publiquement une trentaine de fois au cours des six derniers mois qu’il serait absurde de « nous » (en supposant que « nous » il y ait ailleurs que dans leur tête à « eux ») prétendre victimes d’une quelconque censure. C’est même pour moi un sujet d’interrogation récurrent: si on peut avoir l’impression que l’étau idéologique se resserre et que, traduit dans le langage des bistrots, « on ne peut plus rien dire », il faut bien reconnaître que les salauds – attention, au sens sartrien du terme – jusque-là simplement dénoncés comme « réacs » peuvent abondamment s’exprimer, beaucoup trop d’ailleurs aux yeux de certains qui répètent en boucle « ils se disent muselés et on n’entend qu’eux ». Je comprends que Joffrin qui doit porter sur ses seules épaules l’avenir de la presse de gauche et de la gauche tout court n’ait pas le temps de se pencher sur ce que les uns et les autres disent réellement. Mais compte tenu de notre omniprésence médiatique, il aurait pu s’apercevoir qu’aucun de ceux qu’il épingle ne se prétend censuré – ce qui serait effectivement cocasse. Depuis l’époque où j’ai publié Les maîtres censeurs, le débat public s’est à la fois ouvert et fermé. Il me semble plutôt qu’au terme de cette évolution paradoxale, la liberté l’emporte : Zemmour est condamné mais il travaille dans plusieurs médias et non des moindres. Et les attaques de mes chers confrères n’empêcheront évidemment ni Causeur ni moi-même de poursuivre leur route et leur réflexion[3. Du reste, concernant ma modeste personne, je ne jurerais pas que ce soit leur objectif, même si à l’évidence ils attentent à mon honneur professionnel]. Tout cela mériterait plus ample discussion mais ce sera pour une autre fois. En attendant, que Laurent se rassure[4. Je sais bien qu’il ne faut pas appeler Madame Le Pen Marine. Mais pour ne citer qu’un exemple, il est apparemment normal que Bernard Guetta, Alain Juppé et Michel Rocard se donnent, dans leur dernier livre, du Bernard, Alain et Michel à tour de bras ; j’espère avoir le droit d’appeler Joffrin Laurent puisque, quand nous nous rencontrons dans la vraie vie, c’est ce que je fais], je ne suis pas en train de « chercher censure à mon pied » – vous aurez reconnu la plume assassine de Muray.
Causeur, « puissant relais d’influence »
Vous me connaissez, j’aime assez, trop peut-être, l’odeur de la poudre. Mercredi après-midi, quand Philippe Cohen m’a envoyé les articles de L’Obs, j’avoue avoir d’abord pensé que la guerre recommençait et qu’on allait bien s’amuser. Et puis, après lecture attentive, mon excitation est un peu retombée. Tout cela était tellement réchauffé que je me suis sentie écrasée par le poids de la répétition. On dirait en effet que Chemin et Joffrin ont ressorti de vieux articles des tiroirs où ils prenaient la poussière avec les banderoles de la « quinzaine anti Le Pen » – lesquelles pourront sans doute reprendre du service itou pour peu que mes honorables confrères ne dévient pas de leur excellente ligne qui a réussi à amener Le Pen père à 20 % et au deuxième tour de la présidentielle. Sauf que moi, ce débat qui tourne en rond finit par me lasser.
Il est vrai qu’il arrive à L’Obs de varier les plaisirs. Depuis quelques années – et de mémoire – il a aussi proclamé en « une » avec grands roulements de tambour que les intellos viraient à droite et annoncé à plusieurs reprises et sous diverses formes le grand retour des nouveaux réacs qui finissent par n’être plus très nouveaux. Il me semble cependant que ça faisait un moment qu’il n’avait pas brandi aussi ouvertement l’étendard de la crypto-lepénisation. Mais enfin, c’est à peu près toujours la même histoire. La République est en danger, menace généralement incarnée par le spectre du vote lepéniste. Il s’agit donc de désigner les vrais coupables qui sont soit les idiots utiles, soit les agents actifs de l’extrême droite, d’où le goût de l’hebdomadaire pour les listes. Je précise que c’est la première fois que j’ai l’honneur de figurer dans le peloton de tête, étant désormais, avec Causeur, un « puissant relais d’influence ». Soyons honnêtes, Joffrin ne s’en tient pas là et reconnaît que la gauche, ayant abandonné le peuple, porte une lourde part de responsabilité dans le succès de Marine Le Pen.
Quant à Ariane Chemin, il faut reconnaître qu’elle n’a pas perdu le fil (d’accord, c’est un peu facile), depuis l’époque où elle était chargée par les patrons du Monde d’exécuter la toute jeune Fondation Marc Bloch où nous avions commis le crime, Cohen et moi, de rassembler des « Républicains des deux rives ». Non contents de croire qu’il fallait abattre le mur de Berlin de la politique française – ce que nous échouâmes d’ailleurs à faire lors de la campagne Chevènement -, nous étions plutôt anti-européens et prétendions qu’il était absurde et suicidaire d’abandonner la nation au Front national. Autant dire que notre dossier était chargé. Depuis, le mien s’est alourdi car après avoir avoué que je n’étais plus de gauche, j’en suis arrivée à penser que les « questions identitaires » comptaient autant dans les fractures qui minent la France que le chômage et la question sociale – contrairement d’ailleurs à mes amis Philippe Cohen…et Jérôme Leroy.
Les « monstres » de Jean-François Kahn
Ariane s’y colla donc gentiment et balança le missile qui était supposé nous laisser sur le tapis en nous qualifiant de « nationaux-républicains », injure dont nous décidâmes, grâce au talent de Régis Debray, de faire notre nom. Elle a de la chance, Ariane, elle pense toujours comme ses chefs, ce qui lui évite d’avoir avec eux les conflits qui m’ont parfois opposée aux miens. Aussi, quand Jean-François Kahn, auprès de qui j’ai beaucoup appris, notamment le plaisir qu’il y a à essayer de penser par soi-même, se désole de découvrir que je ne pense plus comme lui, ayant « basculé dans le discours réactionnaire le plus convenu, le plus éculé et le plus systématique »[5. J’en profite pour adresser une protestation à JFK : « systématique » admettons, « éculé » passe encore, mais « convenu », c’est assez vexant], notre journaliste de combat en déduit que JFK a créé des « monstres ». En clair, ayant eu le privilège d’avoir été formée par un monstre sacré du journalisme (je suis sincère, c’est vraiment une chance) j’aurais dû rester sa créature docile. Je plaide coupable d’individualisme forcené, puisque je prétends avoir un cerveau, qui, bien que moins performant que celui de mes accusateurs, m’appartient en propre. J’ajoute que je n’ai pas bien compris l’enseignement de JFK, en ayant déduit qu’on pouvait être en désaccord sans se balancer les noms d’oiseaux pêchés dans le lexique antifasciste.
Mais je m’égare. J’en reviens donc au fil rouge – encore que brun serait plus approprié – qui guide la pensée de la tenace Ariane. C’était couru, on commence par défendre la nation et on finit par écrire qu’on ne « trouve pas raciste ou « moralement scandaleux » la proposition frontiste de « distinguer entre Français et étrangers, proposant de réserver certains droits aux premiers ». On me pardonnera de pousser la coquetterie jusqu’à restituer la citation exacte, extraite d’un article publié en décembre : « MLP ne distingue pas les Français en fonction de leur race, elle distingue entre les Français et les étrangers, proposant de réserver certains droits aux Français. On peut être hostile à cette idée, elle n’est pas moralement scandaleuse. » Si je comprends bien, Ariane Chemin estime au contraire que cette distinction entre ressortissants et non-ressortissants est parfaitement scandaleuse. L’ennui, c’est qu’elle est centrale dans tous les systèmes juridiques nationaux qui réservent effectivement certains droits, à commencer par celui de voter, aux détenteurs de la nationalité[6. La définition des droits réservés aux nationaux est évidemment susceptible de discussions et d’évolution. Ainsi, concernant le droit de vote des étrangers lors des scrutins locaux, ma religion n’est pas faite]. J’imagine qu’Ariane Chemin milite pour que l’humanité entière élise le président de la République française, que la gauche de tous les pays s’unisse pour choisir, lors d’une primaire vraiment très ouverte, le candidat du PS. Et tant qu’à faire pour la disparition des frontières. En attendant cet avenir radieux, je l’invite à troquer son infâmant passeport français qui lui vaut d’odieux privilèges, contre celui de son choix.
Au-delà de la délation, une vraie querelle
Au risque de la décevoir puisqu’il parait que « jeune, j’avais déjà réponse à tout », je dois confesser qu’il m’arrive d’avoir des doutes voire de me demander si mes adversaires n’ont pas en partie raison. Je vais donc tenter de résumer le fond de la querelle qui mérite mieux que ces sempiternels exercices de délation.
Contrairement à mes accusateurs, je ne crois pas que Marine Le Pen soit le clone de son père. Je peux me tromper – ce n’est pas une clause de style. N’étant pas l’analyste de « la peste blonde »[7. Bien entendu, je ne sais absolument pas si elle pratique ou non le divan] et n’ayant pas de talent particulier pour deviner ce que pensent les gens, quelle que soit leur ascendance, dans leur petto, je considère que les discours sont des actes politiques en eux-mêmes. Quand Marine Le Pen, devant le congrès de son parti, prononce un discours où les références traditionnelles de l’extrême droite ont cédé la place à l’invocation de la République, peut-être n’en croit-elle pas un mot. Reste qu’elle a pris le risque de s’aliéner la vieille garde – qui d’ailleurs faisait franchement la gueule. Quand elle affirme que « le nazisme est la plus grande barbarie de tous les temps », il est possible qu’elle cherche à cacher son antisémitisme viscéral. Ce propos n’en constitue pas moins une rupture. J’ignore si elle réussira, à l’image d’un Gianfranco Fini, à mener la révolution culturelle qu’elle annonce mais je ne vois pas, en dehors de son patronyme, ce qui autorise la cohorte des commentateurs avisés de décréter que ce qu’elle dit n’a aucun poids. Pour autant, il ne s’agit pas de faire de l’angélisme à l’envers. « Sans doute y a-t-il encore au FN des gens qui confondent le refus des pratiques et le rejet des individus, l’assimilation et l’exclusion », écrivais-je par exemple dans le numéro 31 de Causeur – bizarrement, cela n’a pas retenu l’attention d’Ariane Chemin.
Diabolisation, cordon sanitaire et fariboles antifascistes
Il est donc vrai que la progression annoncée du Front national ne m’empêche pas de dormir parce que je ne pense pas qu’elle traduise une montée de l’intolérance. Cela dit, elle n’est pas non plus une bonne nouvelle dans la mesure où ce parti me semble parfaitement incapable de gouverner la France. En revanche, je suis convaincue que la diabolisation, le cordon sanitaire et autres fariboles antifascistes ont largement contribué à son ascension. Surtout, à la différence de Laurent Joffrin et de pas mal de monde, y compris à l’UMP, je ne crois pas que c’est en abordant les questions qui fâchent qu’on l’a fait passer de 12% à 20 % des intentions de vote, mais, au contraire, en poussant des cris hystériques pour qu’on ne les aborde pas, ce qui revient, selon l’expression d’Alain Finkielkraut, « à faire cadeau du réel au Front national ».
J’aimerais au passage qu’on m’explique pourquoi les angoisses exprimées par un certain nombre de nos concitoyens ne suscitent jamais la compassion et toujours la réprobation. Il est de bon ton d’affirmer, en ricanant ou en s’indignant, que le FN surfe sur la peur. Mais on ne se demande jamais si cette peur est, ne serait-ce qu’en partie, justifiée par la réalité. Etes-vous si sûrs, chers confrères, que ceux qu’inquiète la progression d’un islam identitaire ne manifestant pas aussi clairement que vous semblez le penser sa tolérance et son amour des autres cultures, ne sont que de petits blancs racistes qui ne méritent que des coups de pieds aux fesses et des leçons de morale ? Pourriez-vous jurer que l’immigration des trois dernières décennies n’a été qu’une chance pour la France ? Etes-vous prêts à affirmer publiquement que vous n’avez-vous-même jamais peur quand, dans un couloir du métro désert, vous vous trouvez nez à nez avec une « bande ethnique » ? Inscririez-vous vos enfants dans une école dont une partie des élèves – et des parents – refusent qu’on leur enseigne l’histoire de la seconde guerre mondiale ? Pouvez-vous sérieusement prétendre que, des Pays Bas à l’Allemagne, de la Suisse à l’Angleterre, les peuples européens sont devenus fous au point de céder à des craintes irraisonnées ? Oserez-vous de dire que depuis mon enfance très multiethnique à Epinay sur Seine, rien n’a changé ou plutôt, que si quelque chose a changé, c’est parce que nous avons collectivement cédé aux sirènes du lepénisme, discriminant à tour de bras ceux qui ne pratiquent pas la même religion que nous ? Ne voyez-vous pas, vraiment, ce qu’il y a d’indécent dans la comparaison que vous faites volontiers entre les musulmans d’aujourd’hui et les juifs d’hier ? Permettez-moi simplement de vous rappeler qu’on déniait aux seconds la possibilité d’être vraiment français alors qu’on aimerait seulement que les premiers le soient un peu plus.
Peut-on avoir d’autres idées que les vôtres sans être un salaud ou un idiot ?
Vous êtes convaincus que tout ça, c’est la faute au chômage. Je crois pour ma part, comme Hugues Lagrange, que les facteurs culturels jouent un rôle important dans la crise, sinon dans l’échec, de l’intégration d’une partie des Français issus d’une immigration récente. L’universalisme qui est au cœur de notre identité nationale nous a rendus incapables de penser les différences et plus encore d’admettre que nous ne pouvions pas vivre avec toutes les différences. Pour moi, si nous devons accepter tous les individus, nous avons le droit et même le devoir de refuser certaines pratiques parce que notre mode de vie, notre façon d’habiter le monde, les modalités qui nous permettent de concilier l’existence collective et la liberté de chacun, méritent d’être défendus. Peut-être ai-je tort de penser que tout cela est menacé par notre renoncement au modèle assimilationniste, par le délitement de l’école républicaine et aussi par le refus d’une minorité, qui prétend de surcroît, l’imposer à toute une « communauté » d’adopter la culture et les « mœurs » de son pays d’accueil. Cela fait-il de moi une « brouilleuse de repères », un « agent de notabilisation » (du lepénisme), comme l’affirme aimablement Ariane Chemin ? Vous est-il arrivé, au cours des vingt dernières années, de penser, ne serait-ce que pendant une minute, juste pour voir, que vous pouviez vous tromper ?
Contrairement à vous, je n’ai pas de certitudes. Il m’arrive souvent de me dire que j’accorde peut-être un poids excessif à ces problèmes qui taraudent une partie de la société. J’essaie, aussi honnêtement que possible, de me demander s’il n’entre pas dans mes convictions une part de préjugés, voire de xénophobie.
Il me semble en tout cas que ces questions mériteraient un véritable débat plutôt que les anathèmes que vous vous plaisez à lancer. Je n’attends pas de vous que vous tombiez d’accord avec moi. Est-ce trop vous demander, à vous qui faites profession de tolérance et qui affichez si volontiers votre amour des différences, d’envisager qu’on puisse avoir d’autres idées que les vôtres sans être pour autant un salaud ou un idiot, utile ou non ? Vous qui aimez tant l’humanité dans sa diversité, seriez-vous incapable de créditer votre adversaire d’une conscience, voire d’un peu d’intelligence ? Je me refuse à le croire. Car si c’était le cas, vous ne seriez pas responsables de la montée du Front national mais de la défaite de la pensée. C’est-à-dire de notre défaite à tous.
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