Budget de la Défense : le général Tapioca et la 7ème compagnie


Budget de la Défense : le général Tapioca et la 7ème compagnie

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Ce qui fonde l’unité d’une nation, c’est aussi le partage des références communes. Nul doute que la 7ème compagnie en fasse partie. Le problème, à lire les réactions d’internautes sur le sujet depuis quelques jours, c’est qu’il n’y en a apparemment pas beaucoup d’autres pour aborder les questions de Défense nationale. Le drame, c’est que les énarques d’aujourd’hui n’en ont guère plus. Ah, si ! Il y a aussi le cruel général Tapioca et son ennemi juré, le moustachu Alcazar, pittoresque ami de Tintin toujours prêt à faire un putsch. Caramba !

Ces dernières semaines, Bercy revient à la charge pour tailler, à grands coups de sabre, les budgets de la Défense définis par la toute fraîche loi de programmation budgétaire 2014-2019 (qui s’est quand même fait amputer de 60 milliards d’euros par rapport à la précédente). Il faut faire des économies. « Sans nous » ont répondu les chefs militaires décidés à poser le képi si une telle mesure était mise à exécution. Ils estiment, à raison, que les armées en ont fait assez. Ce n’est ni du corporatisme ni du prosélytisme. Les déflations d’effectifs massives et à répétition, les réformes profondes supportées avec stoïcisme (rappelons le scandale, toujours actuel, du paiement des salaires par le logiciel Louvois) ont fatigué les militaires qui en ont assez d’être « les bons élèves de la fonction publique ».

Au-delà d’un sentiment de profonde lassitude, c’est de stratégie de défense dont il s’agit. Les généraux sont parfaitement dans leur rôle lorsqu’ils alertent le pouvoir politique sur les conséquences de leurs choix budgétaires.

Pour faire simple, il y a trois piliers qui fondent la stratégie de défense : ce qu’on dit qu’on veut faire (stratégie déclaratoire) ce qu’on a vraiment envie de faire (la vision politique) et ce qu’on peut réellement faire (stratégie des moyens). Lorsqu’on taille un des trois piliers, c’est l’ensemble qui s’ébranle. La réalité aujourd’hui est que nous sommes arrivés à un seuil.  En-deçà, ça s’appelle un déclassement stratégique. Nous n’aurons bientôt plus les moyens de nos ambitions. Est-ce dramatique ? Pas forcément, c’est un débat sur une conception de la place de la France dans le monde.  On peut très bien décider de se passer de la dissuasion nucléaire ou bien de ne plus vouloir (pouvoir) intervenir au Mali, en Centrafrique et ailleurs. C’est faisable, mais c’est un choix qui relève, selon la Constitution, du président de la République (et de lui seul) qui doit être assumé devant les français.

Ceci dit, il va falloirune bonne dose de courage, d’inconscience ou de whisky pour accepter le rôle de fossoyeur de l’indépendance stratégique française élaborée par De Gaulle et poursuivie par tous ses successeurs.

En somme, ce que ces généraux disent aujourd’hui n’est pas : « on n’en veut plus », mais « soyez cohérents ! »



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