Alors que les eurodéputés de droite Jordan Bardella et Marion Maréchal font la une des journaux ce matin après leur visite remarquée d’un kibboutz attaqué le 7-Octobre 2023 en Israël, au Parlement européen, à Bruxelles, la résistance s’organise. La gauche y planifie dans quelques jours une conférence sur le thème: « Devrions-nous appeler cela un génocide ? » avec de très contestables militants « antisionistes ».
À Paris, le 12 mars, le Conseil contre l’islamophobie en Europe (CCIE), branche belge d’un défunt CCIF que la République ne regrette pas, était reçu par le député LFI Raphaël Arnault, à l’Assemblée nationale. L’objectif : « comprendre l’islamophobie pour mieux la combattre ».
À Bruxelles, la gauche européenne n’est pas en reste. Au Parlement Européen, c’est le Groupe des Verts/Alliance libre européenne, fort de cinquante-trois députés, qui régale. Les 28 et 29 avril prochains, une conférence se tiendra, réunissant « experts, juristes et représentants de la société civile ». La question nous met tout de suite dans l’ambiance : « Devrions-nous appeler cela un génocide ? »

Gratin propalestinien
Les quatre députés organisateurs sont Jaume Asens, Benedetta Scuderi, Mounir Satouri et Ana Miranda. Le premier vient des rangs de Podemos, la seconde de l’écologisme italien, le troisième a été élu sur la liste de Marie Toussaint et la quatrième est issue du bloc nationaliste galicien.
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Pour répondre à la question du jour (enfin, des deux jours), les quatre eurodéputés ont invité ce qui se fait de mieux sur la scène actuelle de l’antisionisme. Tout d’abord, deux historiens israéliens : Raz Segal et et Ilan Pappé (publié en France aux éditions de la Fabrique, entre les Beaufs et barbares d’Houria Bouteldja et les ouvrages du Suédois Andreas Malm, qui déclarait sa « jubilation » au lendemain du 7-Octobre[i]). Deux historiens qui ont pour habitude de placer un signe égal entre Shoah et Nakba et qui avant même les répliques au 7-Octobre, parlaient déjà de génocide. On trouve aussi Imane Maarifi, infirmière libérale à Plaisir (Seine-et-Marne) et membre du Collectif des Blouses Blanches pour Gaza, proche des milieux fréro-salafistes. Francesca Albanese, juriste et chercheuse italienne, qui, dans un rapport intitulé Anatomie d’un génocide (mars 2024), invitait à poursuivre le soutien financier à l’ Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), pourtant accusé de détourner les fonds humanitaires au profit du Hamas voire d’inciter au terrorisme. Olga Rodríguez Francisco, journaliste espagnole, qui, sur Twitter, établissait un lien de cause à effet entre la visite de M. Netanyahu aux États-Unis en juillet 2024 et la mort du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué dans une frappe israélienne à Téhéran, et en semblait émue. En octobre 2024, la même s’étonnait de l’ignorance des personnes interrogées à la télévision : « Dans une émission de télévision l’autre jour, un habitué a dit que Hamas veut conquérir Al Andalus. Ce n’est qu’à partir de la plus profonde ignorance que l’on peut confondre l’État Islamique avec le Hamas », avançait-elle alors.
Quand c’est fini, il y en a encore
La liste ne s’arrête pas là. Noura Erakat, professeure d’études africaines à l’Université Rutgers dans le New Jersey, sera également de la partie. En 2020, cette militante américano-palestinienne avait participé à un atelier en ligne avec le haut dirigeant du Hamas, Ghazi Hamad, organisé par l’organisation palestinienne Masarat Center. Le même Ghazi Hamad, qualifié par Libération de « voix du Hamas », déclarait après le 7-Octobre : « Israël est un pays qui n’a pas sa place sur notre terre ». Mais aussi : « Nous devons donner une leçon à Israël, et nous le ferons encore et encore. Le déluge d’Al-Aqsa [nom de l’offensive déclenchée par le Hamas le 7-Octobre] n’est que la première fois, et il y en aura une deuxième, une troisième, une quatrième, parce que nous avons la détermination, la résolution, et les capacités de combattre ». Noura Erakat, elle, a participé, en décembre 2023, à une discussion intitulée « Race, libération et Palestine », événement auquel se sont greffées des personnalités réputées antisémites comme Marc Lamont Hill, qui avait su garder son poste à l’université malgré un usage intensif du slogan « La Palestine du fleuve à la mer ».
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Et enfin, pour compléter ce joyeux tableau, un certain Olivier Corten se joindra aux débats. C’est en quelque sorte le régional de l’étape, puisqu’il est professeur à l’Université libre de Bruxelles. En mai 2005, le brillant universitaire s’inquiétait dans les colonnes du Soir pour les libertés des négationnistes. « Interdire indirectement la réflexion critique sur tous les événements qualifiés, par les uns mais pas toujours par les autres, de crimes de droit international, n’est pas seulement contraire aux principes les plus élémentaires de la liberté de réflexion et d’expression. La démarche aboutit aussi à décourager toute recherche sur des événements dont on prétend par ailleurs vouloir entretenir la mémoire ».
Compte tenu de ses débatteurs du jour, à Bruxelles, la réponse à la question « Devrions-nous appeler cela un génocide ? » est déjà toute trouvée…
[i] « Je consomme [l]es vidéos [du pogrom] comme une drogue. Je les injecte dans mes veines. Je les partage avec mes camarades les plus proches »
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