Michel Barnier a promis qu’il allait davantage agir que parler. Son ministre de l’Intérieur, lui, parle beaucoup. Face à lui, tout un magistère moral et médiatique de gauche rêve qu’il se taise.
Il est temps de dire la vérité sur les mensonges de la gauche. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a mis les pieds dans le plat: « l’immigration n’est pas une chance pour la France ». Une grande partie de la gauche s’est indignée de ces paroles qui reflètent pourtant l’opinion d’une majorité de Français aujourd’hui. Le ministre pourra-t-il passer à l’action ? Rien n’est moins sûr, étant donné le magistère moral qu’exerce sur nos élites politiques et médiatiques une extrême-gauche pourtant minoritaire dans le pays. Mais il est temps d’aller plus loin et de dire la vérité niée par les « talking classes », les classes qui ont le privilège de la parole publique et que les Français des milieux populaires connaissent parfaitement.
Mensonge, confiscation ou déni de la réalité, tous les totalitarismes créent un nouveau langage pour expulser le réel et donner à voir un monde qu’il déclare nouveau. Tous, ils font croire qu’ils font la guerre à la justice et à l’oppression. Tous sont porteurs d’une plus grande injustice et d’une plus grande oppression. Tous, ils prétendent nous sauver d’un danger ou d’un chaos qu’ils ont contribué à créer, à force de mensonges et de dissimulation des faits. Ainsi la crise des banlieues, la violence dans les quartiers, qui ne sont que la suite d’éruptions précédentes qui vont toujours en s’aggravant, de quelques émeutes dans des cités de la banlieue lyonnaise à ces émeutes dans tous les quartiers, au pillage et destructions des centres-villes et des villes moyennes. N’en doutons pas, la prochaine étape sera probablement plus grave puisqu’elle s’attaquera aux personnes comme nous le montre la multiplication des agressions au couteau pour un regard ou une autre futilité et qui témoigne une haine grandissante d’une partie de la jeunesse contre leurs propres concitoyens.
Autre mensonge : il n’y a pas de relation entre la délinquance et l’immigration comme ils le prétendent, alors que ce lien est évident. Tous les étrangers, tous les immigrés, tous les descendants des premières immigrations ne sont pas violents et délinquants, mais n’importe quel gardien de prison ou n’importe quel policier confirmera que les étrangers, les immigrés ou les descendants des immigrations maghrébines et subsahariennes sont surreprésentés dans les faits de délinquance et de violence aujourd’hui.
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Autre mensonge : la pauvreté dans les quartiers. La différence entre les « blancs » pauvres et les immigrés a toujours été que les immigrés avaient des moyens d’existence et de survie que les autres n’avaient pas. Faire construire des villas au bled et survivre chichement dans le logement social, au grand dam des enfants de leurs enfants qui considéraient qu’on les avait parqués dans des quartiers pourris dont ils étaient souvent d’ailleurs les premiers responsables du pourrissement. Entasser des marchandises achetées à bon marché chez Tati pour les revendre à prix d’or en Algérie ne fut jamais à la portée du petit blanc qui finit d’ailleurs par s’exiler dans la France périphérique, chassé par les violences et les incivilités et se sentant devenir étranger dans son pays, et abandonné des services publics contrairement aux habitants des métropoles abondamment pourvus en médiathèques et en transports publics.
Bien sûr, il y a toujours des exceptions. De la misère par exemple. Bien sûr, des erreurs technocratiques furent commises au détriment des habitants des quartiers. Des injustices aussi, des bavures de la police, de l’école, de la justice, il y en a eu. Mais dans la grande majorité des cas, le tableau qui nous a été fait de la réalité est un tableau misérabiliste et mensonger qui n’a fait qu’alimenter la haine issue de la victimisation.
Il est donc temps de parler vrai. Les victimes sont aussi certains habitants de ces quartiers immigrés ou étrangers honnêtes. Il en existe, et ils sont nombreux, mais ce que je vois c’est comment pendant des dizaines d’années en mettant le couvert sur le réel on a entretenu la guerre entre les citoyens d’un même pays, comme ce fut le cas d’ailleurs au Rwanda, au Cambodge, dans l’ex-Yougoslavie, en Ukraine, aujourd’hui au Moyen-Orient. Comment on prépare sans l’avoir voulu la guerre civile ou tout au moins les massacres à grande échelle ? Prenons donc garde à ce risque autour des drames collectifs des haines communautaires avec leur cortège sanglant d’actes monstrueux encore inimaginables aujourd’hui. Les solutions existent. On les connait. Elles demandent un courage politique qu’on ne voit pas souvent chez nos dirigeants (après eux, le déluge). Ils savent probablement, mais le courage leur manque pour faire en sorte que le réel se découvre et que les mesures nécessaires soient prises aussi douloureuses et délicates qu’elles semblent être et qu’elles sont probablement.
Dans le Figaro Magazine, répondant aux questions de Carl Meeus, Guillaume Roquette et Judith Waintraub, Bruno Retailleau reste droit dans ses bottes et continue d’affirmer que « quand le droit ne protège plus, il faut le changer ». Il balaie les polémiques lancées par la gauche décrite dans cet article, estimant que les Français réclament une reprise de contrôle de l’immigration, « quelles que soient leurs sensibilités, y compris dans l’électorat de la France insoumise ».