Le chef du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau analyse les causes de la débâcle LR aux européennes. Faute de réflexion de fond, la droite s’est réfugiée dans l’opportunisme. Tout est à reconstruire… sans s’allier au RN.
Causeur. Laurent Wauquiez est-il le responsable de la défaite ou un bouc émissaire facile ?
Bruno Retailleau. Laurent Wauquiez a pris ses responsabilités, mais on ne saurait évidemment le tenir pour seul responsable de la situation dans laquelle se trouve la droite aujourd’hui. Plus qu’un échec individuel, c’est une défaite collective, celle d’une droite qui n’a pas eu l’humilité de reconnaître ses erreurs ni la volonté de refonder son socle d’idées.
Comment expliquez-vous cette raclée électorale ?
Il y a une cause exogène, qui est qu’Emmanuel Macron est parvenu à installer un duel entre La République en marche et le Rassemblement national, désherbant l’espace entre ces deux pôles. Du coup, 700 000 voix sont parties chez RN et un million à LREM. La cause endogène, c’est que nous n’avons pas tiré les leçons de nos échecs. Qu’avons-nous fait de 2018, la seule année sans échéance électorale ? Rien ! Pendant des décennies, la droite, paralysée par l’hégémonie idéologique, médiatique, culturelle et politique de la gauche, s’est réfugiée dans un pragmatisme qui est souvent l’autre nom de l’opportunisme. Pire encore, cela a souvent réduit la droite à un simple économisme, la conduisant à déserter le terrain des idées. Et, quand il n’y a plus de débat d’idées, il ne reste que la querelle des ego.
Mais les idées ne fabriquent pas
