En déclarant qu’il porterait des cols roulés cet hiver pour des raisons d’économie de chauffage, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire va aussi relancer la littérature. C’est tout son génie!
Ce qui est bien, quand on a un ministre comme Bruno Le Maire, publié chez Grasset et Gallimard, c’est qu’on dispose, en même temps qu’un génie de l’économie, d’un écrivain. Puisque qu’il n’hésite pas, lui-même, à l’occasion, à se définir ainsi. « Chacun sait que je suis un responsable politique, mais aussi un écrivain. J’ai souhaité raconter la manière dont je vis la pratique du pouvoir, expliquer mes décisions, faire part de mes réflexions et de mes doutes », déclarait-il, dans un tweet, le 6 janvier, au moment de la parution de L’Ange et la Bête, livre pascalien, forcément pascalien. Et autobiographique aussi.
Or, la première caractéristique de l’écrivain, outre l’alcoolisme et l’hypersexualité, est le pull à col roulé, comme chacun sait.
D’une décontraction pragmatique et élégante, le pull à col roulé permet de rester immobile de longues heures par 17° derrière la machine à écrire qui ne manquera pas bientôt, selon la logique lemairienne, de remplacer l’énergivore ordinateur portable… Regardez Alain Robbe-Grillet, pape du nouveau roman, adoré des universitaires de Tasmanie: sa carrière et sa postérité doivent tout autant au col roulé qu’à la mort du sujet dans le roman.
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Bruno Le Maire est un fin politique. Il laisse une marge de manœuvre à sa propre majorité pour la discussion. On pourra, du côté du Modem, toujours social, déposer un amendement pour une « prime Bompard », de manière à ce que les plus défavorisés d’entre nous, ne subissent pas gratouilles et irritations dans leur combat pour la sobriété énergétique.
Cachemire pour tous ! Moi qui suis écrivain comme Le Maire, j’écris depuis toujours torse nu sous mon cachemire et sa douceur m’agace agréablement les tétons.
Sachant que la fonction crée l’organe ou que l’habit fait le moine, il me plait de penser que la France de cet hiver aura pour bande-son joyeuse le cliquetis des vieilles Olivetti accompagnant un peuple entier, la pointe des seins érigée, écrivant dans le bonheur Les Gommes, La Jalousie ou Djinn.
On dit merci qui? On dit merci Bruno et à l’année prochaine à Marienbad.
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