Bruno Lafourcade nous gâte. Deux livres d’un coup. Une nouveauté et une réédition. Deux ouvrages très différents qui prouvent, une fois de plus, qu’il est un écrivain indispensable pour nous aider à traverser notre époque.
En 2018, l’espiègle rédaction de L’Incorrect a remis le prix du Suicide littéraire à Bruno Lafourcade, pour son excellent roman L’Ivraie (Éditions Léo Scheer). Ce prix « a pour ambition de récompenser une œuvre romanesque, pamphlétaire ou poétique dont nous avons toutes les raisons de croire qu’elle vaudra à son auteur l’opprobre général, la condamnation morale, la mise au ban du milieu littéraire ou la fatwa. » Bruno Lafourcade a peu de chances d’être un jour goncourtisé ou trapenardisé – son dégoût de notre époque et sa plume incisive lui ferment à jamais les portes des prix et des salons littéraires mondains. Et c’est très bien ainsi.
Chroniques sur les offensés de toute obédience…
Dans ses chroniques de L’Intervalle entre le marchepied et le quai, Lafourcade passe à la moulinette les plus éminents spécimens de l’abrutissement en cours. De Benoît Hamon aux offensés de toute obédience, de Camélia Jordana à la famille Traoré, de Marie Darrieussecq aux journalistes acculturés, des écologistes à Virginie Despentes, tous reçoivent leur ration de taloches. Le style de Lafourcade emprunte à la fois au noble art et au combat de rue ; en
