Un documentaire sur la vie d’une icône, entre petite fiancée de l’Amérique et bad girl déjantée. Sur Amazon Prime Vidéo.
L’icône pop des années 2000, Britney Spears, que nous avions un peu oubliée, revient sur le devant de la scène en la faveur d’un documentaire : Framing Britney, disponible sur Amazon. Il retrace l’itinéraire de cette ex-petite fiancée de l’Amérique, qui, rendue folle par la pression médiatique et la traque des paparazzis, fut hospitalisée en psychiatrie et mise sous tutelle. « Free Britney » s’écrient ses fans, pour qui la mise sous tutelle est une mesure injuste et abusive voulue par son père, afin d’avoir la main mise sur sa fortune.
Ils sont plusieurs millions à vouloir sa libération, à l’exprimer dans la rue et sur les réseaux sociaux. Plusieurs millions de jeunes filles banales et malmenées par la vie ou d’homosexuels timides qui disent que Britney, girl next door du Mississippi les a aidés à vivre. Britney, c’est un destin comme seule l’Amérique sait en produire, à la fois grandiose, et banalement tragique.
Enfant prodige et télé-crochets
Elle est née en 1981 dans une petite ville du sud des Etats-Unis, au coeur de ce qu’on appelle la « Bible Belt », un concentré de bigoterie qui peut vite s’avérer mortifère. Son père a des problèmes d’alcoolisme et sa mère, une jolie femme digne, fait comme elle peut. Le décor est planté.
La petite Britney adore chanter et se débrouille plutôt bien. Ses parents parcourent donc le pays en train, ils ne sont pas assez riches pour se payer l’avion, pour présenter l’enfant prodige à des télé-crochets.
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Cela paya, car elle fut choisie pour animer le très populaire Mickey Mouse Club. La voilà propulsée enfant star, autre spécialité du showbiz américain qui se finit le plus souvent en tragédie pour les malheureux élus.
En 1998, avec le single Baby one more time elle devient en quelques semaines l’immense star que l’on sait. Elle même avoua ne pas y avoir compris grand-chose.
Fantasme sexy pour ados
Comme souvent dans un documentaire sur une personnalité, Framing Britney donne la parole à des proches. Le témoignage de son assistante des débuts, un amie de la famille qui joua le rôle de nounou, émerge. Cette femme transpire la sincérité, son visage s’illumine lorsqu’elle évoque ses souvenirs avec Britney, lorsque celle-ci n’était pas encore gâtée par la célébrité qui lui rendit la vie insupportable. Elle se remémore la fois où elles ont pris l’Eurostar, comme deux touristes américaines lambda : « Nous avons pris un train qui allait sous la mer entre Paris et Londres, jamais nous nous étions autant amusées ». À travers les images d’archives de ses débuts de grande star, nous voyons en effet que Britney semble s’amuser. Son visage aux yeux un peu trop écartés lui donnent un air toujours étonné, il resplendit, ses cheveux sont toujours plus blonds et son sourire plus éclatant. Elle dégage une « sexitude » de bon aloi, entre la jolie fille du lycée qui fait rêver les garçons et la porn star habillée en écolière qui les fait bander.
Au fur et à mesure des extraits, on la voit s’étioler un peu, se mettre presque en colère lorsqu’on la traite de diva, lors des interviews, elle semble mal à l’aise et répond par des onomatopées dignes de Betty Boop, c’est à la fois touchant et ridicule.
La vengeance des puritains
Les histoires d’amour finissent mal en général, surtout celles des stars. Sa romance avec le chanteur pour minettes Justin Timberlake appartient à l’Amérique entière, ils font la couverture de dizaines de journaux, parcourent les shows télé. La petite culotte de Britney appartient aux Américains : leur grande préoccupation étant de savoir si celle ci est vierge. Bien sûr que oui, affirme-t-elle devant le pays entier, de sa voix de dessin animé.
Seulement, Britney a eu l’audace de croire qu’elle était une jeune fille comme les autres. Et là s’amorça la chute. Elle rompt avec Justin, celui-ci prétendit qu’elle l’avait trompé ; et pire, prononça le « f word » à son sujet : « I fucked her ». Elle commit le pêché de chair, et cela, est, aux yeux de l’Amérique profonde et puritaine qui constitue son public, impardonnable. Celle qui peuple les rêves érotiques de milliards de garçons n’a pas le droit de se donner à un seul. Une sénatrice déclare même sur un plateau télé qu’elle méritait pour cela la mort. S’emballe alors la deus ex machina. Un mariage éclair avec un vague chanteur aux allures de mauvais garçon, un enfant, puis deux.
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La girl next door se transforme en party girl en compagnie de la sulfureuse Lindsay Lohan. Les paparazzis l’étouffent littéralement. Elle divorce. On parle de lui retirer la garde de ses enfants. Pour la première fois elle éclate en sanglots sur un plateau télé. Et puis, un soir de février 2007, alors qu’elle se sait filmée, Britney, pour une fois décide de se réapproprier sa vie, en un geste fou et définitif. Elle pénètre dans un salon de coiffure, s’empare d’une tondeuse et se rase la tête. Geste hautement symbolique, la chevelure c’est la féminité, la métaphore de la sexualité, mais aussi dans son cas, à travers ses multiples transformations capillaires, le symbole de sa soumission à son personnage de star. En se rasant la tête, Britney hurle au pays entier d’aller se faire voir.
Mais la petite fiancée de l’Amérique ne peut pas se transformer comme ça en bad girl. Elle sera internée puis mise sous tutelle. Depuis, elle fait consciencieusement son métier de star toujours adulée du public. Et donne le change en se filmant en mère modèle sur Instagram. « My lonelyness is killing me » (ma solitude me tue), chantait-elle. Truffaut avait raison, les chansons populaires disent vrai.
Framing Britney Spears.
Documentaire à voir sur Amazon Prime Vidéo.