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Brigitte Bardot regardera-t-elle France 2 ce soir?


Brigitte Bardot regardera-t-elle France 2 ce soir?
La superstar avec l'animateur de télévision Allain Bougrain-Dubourg, à Nantes, en 1987 © BERTRAND SOUBEYRAND / AFP

« Bardot », une série en six épisodes, diffusée à partir de ce soir, met en lumière la révélation de l’icône absolue du cinéma, dans les années 50. La star, depuis longtemps retirée de la vie publique, avait déclaré avant le tournage que «la seule chose qui importe c’est ma vraie vie avec moi dedans. »


Aujourd’hui, une devinette: quel est le point commun entre Bernard Tapie, Florence Arthaud et Brigitte Bardot ? Tous trois sont les vedettes de biopics, c’est-à-dire de séries ou de films sur leur vie. Et leurs familles (s’agissant de Florence Arthaud et Bernard Tapie) ou l’intéressée (s’agissant de Brigitte Bardot) ne sont pas contentes. 

Un biopic à la con?

Concernant Tapie, un fan de l’homme d’affaire mort en 2021 a lancé une pétition contre la série Netflix qui sera diffusée en septembre. Sa colère vient du mot “arnaqueur”, utilisé dans la promo, mais qui ne figurera pas dans la série. Chacun sait que Tapie était un premier prix de vertu, bien sûr. La famille Tapie est d’autant plus furieuse que le réalisateur est Tristan Séguéla, fils de Jacques, le publicitaire ; et les Séguéla et les Tapie sont deux familles très amies. En outre, il s’avère que Bernard Tapie était contre ce projet. C’est pour cela que sa fille Sophie écrit : « l’irrespect n’a pas de limite». Curieuse conception de l’amitié qui interdirait tout jugement personnel ad vitam aeternam à un ami.  

De son côté, la famille de Florence Arthaud (la navigatrice disparue en 2015), a carrément saisi le juge des référés pour faire interdire Flo, film qui porterait atteinte à sa mémoire (nous n’avons bien sûr pas encore vu le film, mais il semble que ce dernier montre qu’elle aimait bien faire la fête). La demande a été rejetée par le tribunal. Tant mieux.

Quant à Brigitte Bardot, elle a l’élégance de l’indifférence. Interrogée dans le JDD bien avant le tournage de la mini-série diffusée sur France 2 à partir de ce soir, elle déclarait : «la seule chose qui importe c’est ma vraie vie avec moi dedans. Et pas des biopics à la con !» Voilà qui est dit. Elle n’est plus l’icône des années 70, mais elle ne cherche pas à nous en déposséder. 


Peut-on comprendre que des gens ou des familles soient blessés par tous ces biopics ?

Et même furieux, pourquoi pas. Mais qu’ils saisissent et encombrent les tribunaux, non! Désolée, c’est la rançon de la gloire: chacun a son idée sur votre être et votre vie. On ne peut pas avoir tous les avantages de la célébrité sans les inconvénients. C’est une grande leçon humaine. Même pour les gens qui vous aiment, même pour vos plus proches amis, il y a inévitablement une distorsion entre ce qu’on croit être et ce qu’on donne à voir. Moi, par exemple, je crois que je suis une grande blonde voyez-vous! Plus sérieusement, nul n’est maître de la façon dont s’écrit son histoire. Dieu a laissé parler Moïse, Jésus les évangélistes. Sarah Bernhardt a été immortalisée par Proust dans le personnage de la Berma. L’imagine-t-on faire un procès à Proust ou à Gallimard ? Certes, on manque de Proust, j’en conviens…

Mais, il existe un principe sacré et menacé: l’art est libre. En l’occurence, les trois biopics – dont la série sur Brigitte Bardot dont je viens de parler – ne sont pas des documentaires mais des œuvres de fiction. Tout créateur a le droit de romancer l’enfance de Staline ou la vie amoureuse de de Gaulle si ça lui chante. Alexandre Dumas disait qu’on a le droit de violer l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants. Un artiste a le droit de violer la réalité même pour lui faire des enfants difformes. 


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi après le journal de 8 heures dans la matinale.



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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