Les carnets de Roland Jaccard
Bardot et les éternels endimanchés de l’ordre
En 1961, j’avais 20 ans. Rédacteur dans le quotidien socialiste Le Peuple, je tenais chaque semaine une chronique cinématographique. Bien sûr, j’avais vu Manina, la fille sans voiles (un titre prémonitoire) de Willy Rozier et j’avais été troublé par ce corps de rêve. Bien sûr, j’avais lu l’essai de François Nourissier qui traquait le mystère que cachait cette adolescente aux lèvres boudeuses. Bien sûr, quand Et Dieu… créa la femme sortit sur les écrans lausannois, je compris que plus rien ne serait plus jamais comme avant. Brigitte Bardot ne bouleversait pas seulement les codes cinématographiques : elle révolutionnait l’amour.
Dans Le Peuple, j’écrivais à son propos que les gens qu’une certaine intensité de jeunesse et de volupté révulsent me dégoûtent comme des peaux pas saines. « Nue ? Elle se baigne nue ? » Oui. Et comme tous les amis du soleil et de l’eau, elle rend encore plus ridicules les éternels endimanchés de l’Ordre.
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