Accueil Édition Abonné Brigadistes italiens arrêtés sur ordre de Macron: une basse, très basse manœuvre électoraliste!

Brigadistes italiens arrêtés sur ordre de Macron: une basse, très basse manœuvre électoraliste!

La date de leur arrestation n’a pas été choisie au hasard


Brigadistes italiens arrêtés sur ordre de Macron: une basse, très basse manœuvre électoraliste!
À Rome, les journaux italiens se réjouissent de la décision de l’Élysée. La France a longtemps servi de refuge aux personnalités des Brigades rouges des années 70 et 80 dans le cadre d'une politique définie par François Mitterrand, ce qui a provoqué des tensions avec l'Italie. © Vincenzo PINTO / AFP

Sept anciens membres des Brigades rouges ont été interpellés en France mercredi, trois sont toujours recherchés. Cette organisation d’extrême-gauche italienne a été à l’origine de nombreux attentats et assassinats dans les années 70. Après quarante ans, la France exauce le vœu de l’Italie. Pourquoi? L’analyse de Benoît Rayski.


On est allé les cueillir chez eux mercredi au petit matin. C’était facile : ils ne se cachaient pas. Ils étaient en France depuis quarante ans ! Ici, ils ont eu des enfants qui à leur tour ont eu des enfants. Des grands-pères et des grands-mères…

Dans les années 70-80, « les années de plomb », ils avaient de près ou de loin pris part active au terrorisme d’extrême-gauche qui frappa l’Italie. La justice italienne avait délivré contre eux des mandats d’arrêt. Jusqu’à Macron, aucun de ces mandats ne fut exécuté par la France. Nombre de ces anciens membres des Brigades rouges avaient fui l’Italie pour venir se réfugier sur notre territoire.

Mitterrand leur accorda une sorte d’asile politique qui ne disait pas son nom en échange de leur engagement formel à renoncer à la lutte armée. Avait-il raison, avait-il tort ? Le fait est que tous les présidents qui lui succédèrent s’abstinrent d’accéder aux demandes de l’Italie. Chirac et Sarkozy n’étaient pas de gauche, que l’on sache…

Vint Macron. En 2017, il ne fit rien de ce que demandaient les Italiens. Ni en 2018, ni en 2019, ni en 2020. Il attendit 2021 pour faire arrêter ces anciens brigadistes. Quatre ans de réflexion !

S’il a attendu jusqu’à maintenant pour les mettre sous les verrous, c’est que les élections approchent et ce n’est nullement pour faire plaisir à l’Italie. Avec sa décision, il envoie un signal clair à la frange la plus droitière de l’électorat dont il quête les suffrages pour 2022.

Il a eu une phrase détestable pour expliquer son geste : « la France combat le terrorisme, elle comprend donc le besoin de justice des victimes ». On peut la tourner et la retourner dans tous les sens : elle garde tout son poids de tartufferie. Mettre sur le même plan des terroristes à la retraite depuis longtemps et des terroristes islamistes jeunes et vigoureux, fallait oser.

De l’Italie, Macron ne connaît qu’une chose : Machiavel. Il y a à Paris un excellent restaurant italien tenu depuis des années (l’est-il encore ?) par d’anciens brigadistes. Pour des raisons évidentes, je tairai son nom. Dès que ce sera possible, j’y retiendrai une table avec une assiette de spaghettis al pesto.




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est journaliste et essayiste

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