Eva Holmberg est une universitaire finlandaise, installée à Londres depuis une petite décennie et mariée à un citoyen britannique. Mi-août, elle a vécu un sale moment après avoir reçu, tout comme une centaine d’autres ressortissants européens, une lettre d’un bureau du ministère de l’Intérieur britannique la sommant de quitter le territoire dans un délai d’un mois, sous peine d’en être expulsée.
A lire aussi: Brexit, la presse française refuse d’y croire
Le premier moment d’abattement passé, Eva a décidé d’engager un avocat et d’entamer une procédure judiciaire qui lui a coûté 3 800 livres, somme qu’elle réclame désormais au gouvernement britannique. Car, en effet, les lettres envoyées par le Home Office étaient une erreur, un monstrueux et inexplicable cafouillage bureaucratique. Theresa May, consternée, s’en est excusée publiquement. La Première ministre est formelle : « Nous sommes totalement clairs quant au fait que les droits et statuts des ressortissants européens vivant en Grande-Bretagne ne changeront pas. » Une affirmation un rien péremptoire, parce qu’on aurait pu croire que les négociations entre UK et UE concernaient, entre autres, sinon surtout, le sort des expats européens ou britanniques. Et à en croire David Davis, l’un des négociateurs britanniques, tout oppose les deux parties concernant le rôle de la Cour de justice de l’UE à laquelle les 27 voudraient confier les questions liées aux droits des citoyens, alors que les Britanniques crient à « l’impérialisme juridique », souhaitant que ce soient les cours britanniques qui s’en occupent.
Sans attendre les résultats de la bataille qui s’annonce sanguinaire, les plus prévenants ont décidé de prendre les devants. 17 000 citoyens de l’UE originaires des anciens pays de l’Est ont d’ores et déjà quitté le Royaume-Uni. Vincent Cable, leader des libéraux-démocrates, déplore un « Brexodus », susceptible de fragiliser économiquement le pays. L’économiste Jonathan Portes enfonce encore le clou en parlant de l’impact économique extrêmement négatif de cet exode. Pas de panique… Les immigrés clandestins, eux, restent. Et il faut croire que ce n’est pas une lettre du Home Office qui les mettrait en émoi ou les pousserait à rentrer dans leur pays.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !