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Brexit: Theresa May, la dame de plomb

Ses négociations de boutiquière font passer le Brexit pour un échec


Brexit: Theresa May, la dame de plomb
Le Premier ministre britannique, Theresa May, devant le 10 Downing Street, le 16 janvier 2019 à Londres. ©Frank Augstein/AP/SIPA / AP22291677_000049

Les atermoiements de Theresa May et les revers qu’elle subit donnent l’illusion d’un échec du Brexit et d’une impossibilité de sortir de l’Union. 


Maggie Thatcher était la dame de fer, Theresa May est la dame de plomb. Car le plomb est lourd, mou, gris et toxique. Certes, le Premier ministre britannique est obstinée; mais là s’arrête la ressemblance avec la dame de fer qui avait tenu bon en imposant sa volonté aux syndicats, à l’IRA, à l’Europe, à l’Argentine. Dans les négociations du Brexit, elle s’est, d’emblée, trompée de méthode car, quand on divorce, on ne demande pas la bénédiction du futur ex-conjoint sur l’application des règles dont le peuple britannique a souhaité se libérer.

Négociations de tour d’ivoire

L’idéologue Barnier (négociateur de l’Union) et la grisâtre May avaient certes fini, en plus de deux ans de travail scolaire, volumineux, médiocre et laborieux, par élucubrer un « accord » pour gérer les conséquences du vote souverain du peuple britannique décidé à sortir de l’usine à gaz bruxelloise (UAGB). Et, le dimanche 25 novembre 2018, les dirigeants des pays de l’Union européenne, réunis à Bruxelles, avaient concélébré, comme si c’était un succès, un ectoplasme de traité de séparation avec le Royaume-Uni. Tout était médiatisé comme si l’affaire était finie, comme si les Commons allaient accepter de voter cet accord, comme si la France des giratoires tournait, comme si l’Italie de la dette obéissait aux injonctions de l’UAGB, comme si Merkel était politiquement immortelle, comme si l’Espagne n’avait pas échafaudé un projet de budget ressemblant à celui de l’Italie, mais peint en rose socialiste. Comme si Trump n’avait pas entrepris de détruire l’OMC. Comme si la dette mondiale ne s’était pas gonflée à 237 000 milliards de dollars.

Theresa May, version poids lourd

Avant-hier, le 15 janvier, Mme May a subi une humiliation sans précédent : les députés britanniques ont rejeté l’accord de divorce qu’elle a négocié. Hier soir, elle en a connu une autre : une motion de défiance a été déposée par l’opposition travailliste. Si elle a été rejetée, une partie inattendue des députés l’a votée avec le Labour… Elle plombe son parti, son pays. Et l’Europe.

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Et les commentateurs français de commenter, et de prédire des catastrophes toutes plus catastrophiques. Il faut mettre un peu d’ordre dans cette pagaille mentale, un déshonneur pour la patrie de Descartes.

Le Brexit n’est pas remis en cause

Sur le fond, on ne doit pas mélanger des problèmes triviaux de boutiquiers avec celui de la souveraineté. Les Britanniques ont voulu que leurs choix fondamentaux ne leur soient plus imposés par d’autres, que ce soit en politique étrangère, en matière de migrations, ou en matière juridique et judiciaire (ainsi, par exemple, lorsque la CEDH leur reproche les lois votées par leur Parlement, comme le refus de faire voter les détenus).

Il n’est donc pas question de faire revoter sur la question tranchée, ce qui serait une pratique illégitime et gravement antidémocratique. Songerait-on  à faire revoter les Français sur Maastricht ? La caste europhile affiche d’ailleurs une grande méfiance vis à vis du referendum : Sarkozy et Hollande, tous deux honnis de la plupart des Français, viennent de le redire.

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Il est encore moins question de violer encore plus gravement la démocratie en décidant de maintenir le Royaume dans l’Union européenne (UE). Dès à présent, ou au pire le 29 mars 2019 – date de sortie prévue de l’UE -, il faudra tout simplement passer à ce que Theresa May aurait dû entreprendre depuis deux ans : le simple maintien dans l’espace économique européen, comme la Norvège ou l’Islande, un accord purement commercial. Ou bien des négociations bilatérales avec les pays d’échange. Au premier rang desquels la France, son principal fournisseur, qui serait donc la grande perdante si elle ne se préoccupait pas de toute urgence de préparer l’échéance. La France a une frontière terrestre avec le Royaume via le tunnel.

Le multilatéralisme en échec

Il faudra alors en revenir à la situation antérieure au traité de Maastricht (ce qui n’était pas l’âge de pierre), et enclencher d’urgence des négociations bilatérales sur les questions essentielles et concrètes de la circulation des personnes, des résidents et travailleurs, la pêche, la législation sur les produits, les taxes d’entrée, la défense, la politique étrangère. Le Brexit est une preuve supplémentaire de la faillite de la méthode du multilatéralisme tant décrié par Donald Trump.

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