2016 aura été une année historique pour les Britanniques avec la décision de sortie de l’Union européenne votée le 23 juin dernier. Un cauchemar pour la plupart des Britanniques, en particulier les Londoniens, Écossais et Irlandais. Quelques jours après l’annonce des résultats, une grande marche pour l’Europe était organisée à Londres. Des milliers de personnes étaient alors descendues dans la rue pour exprimer leur colère.
Un Brexit compliqué
Dans la foulée de la victoire du Brexit, une pétition en ligne déposée sur le site du Parlement britannique soulevait beaucoup d’interrogations. Qui était à l’origine du projet ? D’où venaient les plus de trois millions de signataires ? En fait, un militant en faveur du Brexit avait lancé cette initiative quelques jours avant le scrutin, pensant que son camp n’avait aucune chance de l’emporter au vu des sondages. La pétition exigeait l’instauration d’un nouveau référendum si la participation devait être inférieure à 75 % et qu’aucun des deux camps n’atteignait la barre des 60 %. Une procédure purement déclarative puisqu’un seul clic et une adresse mail courriel étaient exigés. N’importe qui pouvait donc se déclarer citoyen britannique et signer ce texte. Sur Twitter, beaucoup de célébrités ou citoyens européens avaient ainsi abusivement pétitionné.
Mais les péripéties du Brexit ne s’arrêtent pas là. En septembre, le gouvernement britannique a fait savoir qu’il lancerait la procédure officielle de sortie de l’Union européenne début 2017 en activant l’article 50 du traité européen pour enclencher formellement le divorce avec l’UE.
Patatras. Voilà que jeudi 3 novembre, la Haute Cour de Londres a jugé que le gouvernement britannique devait obtenir l’accord du Parlement pour déclencher la procédure de sortie de l’Union européenne. Certes, la Haute Cour a autorisé le gouvernement à faire appel de sa décision devant la Cour suprême, plus haute juridiction de Grande-Bretagne qui examinera ce recours début décembre. Mais c’est un coup de tonnerre Outre-Manche.
La vengeance du Remain
Déjà, il y a quelques semaines, lors du sommet européen, François Hollande avait été ferme avec Theresa May. Il a prévenu le Premier ministre Britannique qu’elle devait s’attendre à une « négociation dure » si elle s’orientait vers un Brexit «dur», c’est-à-dire une sortie brutale du Royaume-Uni du marché commun européen. Un tel scénario entraînerait la mise en place de barrières douanières pour le commerce des biens et des services entre la Grande-Bretagne et les 27 pays de l’Union européenne. Un véritable cauchemar pour les entreprises car jusqu’à 90% des biens pourraient être taxés.
Jusqu’à présent, la baisse de la livre sterling rend les produits britanniques moins chers donc plus compétitifs et annonce peut-être une future hausse des exportations. Les grandes entreprises britanniques ainsi que les grands magasins comme Selfridges ou Harrods en profitent car ces enseignes réalisent une bonne part profits à l’étranger. C’est Noël avant l’heure ! A la City, les valeurs boursières augmentent sous l’effet de la faiblesse de la livre. Mais en cas de Brexit dur, beaucoup de banques et d’emplois pourraient partir à Paris, Bruxelles ou Francfort, ce qui infligerait un coup très dur à la bourse londonienne.
Chez les politiques, on songe à prolonger la procédure du Brexit, les débats s’étalant pendant de longs mois au Parlement. Rappelons qu’une majorité de députés, 70 %, avaient défendu un maintien au sein de l’Union européenne. Theresa May a indiqué qu’elle déclencherait la sortie de l’UE avant fin mars 2017, ouvrant ainsi une période de négociations de deux ans ou plus au maximum. D’ici là, ça risque de chauffer au Parlement…
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