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Brexit soit qui mal y pense

La wishful thinking du magazine Le Point fait pschitt.


Brexit soit qui mal y pense
Gérard Araud, le 04/03/19 / PHOTO: Marion Curtis/StarPix/REX/Shutterstock/SIPA / Shutterstock40699018_000030

Dès qu’il s’agit du Brexit, la pensée désidérative ou wishful thinking du Point décide de l’angle des articles et de la titraille. Tout se passe comme si la ligne éditoriale dépendait de croyances basées sur ce qu’il est agréable à imaginer pour un globaliste opposé par principe aux nations libres, plutôt que sur des faits réels, vérifiables ou rationnels.


A la lecture de l’article de Gérard Araud, dans Le Point du 6 novembre 2022, présenté comme une chronique et intitulé «Le Brexit vient de faire pschitt», je me suis dit : «Tiens, je vais apprendre quelque chose». Autant vous dire que la lecture in extenso du papier ne m’a rien appris si ce n’est la conviction que le rabâchage des vues habituelles du Point tenait du wishful thinking et que l’inénarrable M. Araud, sur ce sujet, tenait du globaliste constructiviste et forcément wokiste, adepte des politiques de l’identité victimaire qui vont avec. J’envoie un SMS à un ami journaliste (celui qui m’a transmis le papier du Point) : tu le connais ce Gérard Araud? Réponse : non.

« La crise politique britannique suivie de l’arrivée à Downing Street de Rishi Sunak démontre que le Brexit était une impasse ». Faut-il rappeler que Rishi Sunak, bien qu’il soit présenté comme un homme de statu quo par son tempérament, a toujours été favorable au Brexit, a voté pour le Leave en 2016 et a toujours appuyé le Brexit en tant que parlementaire.
Après le chapeau, l’attaque de l’article : « Évidemment que la crise politique britannique est la conséquence directe du Brexit ! Elle met en évidence les contradictions qui mènent aujourd’hui le Royaume-Uni dans une impasse. En effet, la majorité, qui a décidé, en juin 2016, du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, n’était unie que sur cet objectif, car profondément divisée sur tout le reste, en particulier savoir que faire de ce Brexit ». Eh bien, cela s’appelle la liberté, Monsieur.

Gérard parle de l’aporie qui est au cœur du projet de Brexit. Il se croit malin en divisant les Brexiteers en deux blocs soi-disant irréconciliables, l’un qui voulait se débarrasser de la réglementation de l’UE, adeptes inconditionnels du libre-échange, prêts à faire de leur pays un « Singapour-sur-Tamise », quitte à détricoter l’appareil réglementaire mis en place par l’UE pour défendre le consommateur [sic] ; et l’autre qui voulait protéger l’économie britannique d’une ouverture à la concurrence et à l’immigration, victimes de la mondialisation [re-sic] – nos Gilets jaunes pour faire bref – précise-t-il quand ces derniers s’étaient justement levés contre les taxes, les normes et les réglementations européennes transposées en France, qui veulent défendre leur emploi contre l’immigré ou contre les importations en provenance de Chine. La contradiction est absolue : les uns veulent ouvrir grandes les frontières ; les autres, les fermer.

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En fait, diverses tendances se retrouvent, et notamment dans Le Cœur de l’Angleterre, le roman de Jonathan Coe, auteur plutôt de gauche et pro-Brexit. Il y a « ceux qui ont voté pour rétablir la souveraineté et rapatrier les lois, d’autres pour réduire l’immigration et renforcer le contrôle aux frontières, d’autres qui espéraient rendre à la Grande-Bretagne le sentiment de sa valeur en tant que nation indépendante, alors que d’autres […] ont voté pour libérer l’Angleterre des taxes confiscatoires et autres régulations de l’UE et lui permettre ainsi de devenir un vrai pays de libre-échange essentiellement tourné vers les marché asiatiques et américains ». Des objectifs certes différents mais nullement antagoniques comme le laisse entendre l’intrigant Gérard Araud. « Le génie de Boris Johnson, reconnait-il quand même, fut de dissimuler cette opposition et de remporter les élections législatives en maintenant unie cette coalition du Brexit », oubliant que le rôle d’un homme politique est de se positionner dans une optique rassembleuse en responsabilité au-delà des convictions qui clivent au sein d’un même camp.

Mais qui est-il, au fait, Gérard Araud, et d’où parle-t-il ?

J’apprends dans La Croix du 16 octobre 2019 que Gérard Araud vit désormais à Manhattan. Celui qui avait pris position contre Marine Le Pen en mars 2017 devient conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron pendant sa campagne l’un des trente proches les plus influents du candidat Macron, selon Les Décodeurs du Monde. Aujourd’hui, il travaille pour la société de Richard Attias, spécialisée dans l’organisation de grands événements internationaux. « 65 % du marché se trouvent dans les pays du Golfe, pas en Suède », dit-il. Gérard est un anywhere, une élite cosmopolite comme on disait.

Mais celui qui se prend volontiers pour Tintin, nous ferait plutôt penser à Bobby Smiles; le dirigeant du Syndicat des Gangsters de Chicago dans l’album Tintin en Amérique. Dans Marianne du 10 novembre 2021, j’apprends que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique s’est prononcée sur le cas de Gérard Araud. L’avis est sans concession, soulignant les nombreuses irrégularités de la situation de l’ancien ambassadeur. Les services de Didier Migaud mettent en cause les « petits boulots » effectués dès son départ à la retraite en avril 2019 par l’ancien ambassadeur de France à Washington, des activités ayant parfois « été réalisées dans des conditions irrégulières » et menant à « des risques d’ordre pénal et déontologique pouvant résulter d’une reconversion professionnelle ». Ah, ces boomers, de vingt à quatre-vingt ans, n’auront décidément laissé passer aucune opportunité. Et Monsieur Araud de pantoufler allégrement dans le secteur privé. C’est-à-dire d’en croquer.

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Nommé par décret du président de la République ambassadeur auprès des États-Unis d’Amérique, Gérard Araud tweete après la victoire de Donald Trump en novembre 2016: « Après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige ». La chaîne Fox News reprend aussitôt le tweet pour le dénoncer. Pour le quotidien anglais, The Daily Mirror, les remarques de l’ambassadeur sont « d’autant plus étonnantes » qu’il devra travailler avec Trump et son équipe. Et alors qu’il est ambassadeur aux Etats-Unis, il qualifie Israël où il fut ambassadeur « d’État d’apartheid ». Mais qui connait tout ce passif quand il lit la chronique de Gérard Arau sur le Brexit dans Le Point ?

Le Royaume-Uni ne subira sans doute pas le désastre que ses adversaires prédisaient

Le 5 octobre 2022, Nicholas Baverez, dans un édito du Point titré «Le krach du Brexit», écrit : «Après la présentation de son minibudget, la Première ministre britannique Liz Truss est déjà fragilisée. La situation du Royaume-Uni est critique». Et déjà l’an dernier, le 22 octobre 2021, Le Point publiait un autre article de Nicolas Baverez, «Brexit, le piège diabolique», dont le chapô nous informait que «La décision de la Grande-Bretagne de quitter l’UE paralyse chaque semaine un peu plus l’économie britannique. Et le pire reste à venir…»

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Laissons quand même la conclusion de ce papier à Gérard Araud qui conclut ainsi le sien : «Le Brexit était bel et bien l’impasse que dénonçaient ses adversaires». Pourquoi les globalistes ne baissent-ils pas les bras, et pourquoi ils n’abandonneront jamais ? Parce que le Brexit est pour eux une grande défaite, et que la Grande-Bretagne n’est pas une petite nation.

Deux idéaux-types s’opposent dans le champ politique qui structure la vie politique occidentale. D’un côté les puissances globalistes, constructivistes et les acteurs du wokisme, et de l’autre côté, les nations libres, le vrai libéralisme et l’identité nationale qui est à la fois enracinement et universalisme.

C’est un conflit titanesque et qui continue.

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