DEGRÉ ZÉRO – Mercredi 27 avril
Qu’est-ce que j’apprends, par un communiqué de presse du CNRS ? Sur Mars, l’eau bout à 0 °C ! Je ne vous explique pas tout, mais en gros, c’est dû à la différence de pression atmosphérique : 6 millibars là-bas contre 1 013 chez nous ; on ne se rend pas compte comme ça, mais ça vous change une planète. Cette découverte explique beaucoup de choses, m’explique-t-on d’ailleurs, et notamment le relief accidenté de Mars, sculpté par l’eau bouillante. Sans compter que pour le thé, ça simplifie considérablement le boulot de Matt Damon, déjà bien occupé avec ses tomates.
LAST BREXIT… – Dimanche 1er mai
France Culture, 11 heures, L’Esprit public – Jean-Louis Bourlanges nous explique comment, dans son discours de Londres, Obama a pris à contre-pied les partisans du Brexit : « À la base de leur argumentation, on trouve surtout le vieux choix churchillien : “Entre l’Europe et le grand large, nous choisirons toujours le grand large.” Mais que faire quand c’est le grand large qui leur dit : “Choisissez l’Europe” ? »
Ils peuvent d’autant moins refuser, poursuit l’impitoyable Bourlanges, qu’Obama en appelle tout haut à la fameuse « special relationship » entre les deux pays, si chère aux Britanniques ; elle sera encore plus forte si le Royaume-Uni reste dans l’Europe, « parce que c’est dans l’intérêt des États-Unis », balance Barack. Et Jean-Louis de décrypter drôlement : « En tant que cheval de Troie des intérêts américains en Europe, la Grande-Bretagne est nettement plus utile à l’intérieur de l’Union qu’à l’extérieur ! »
Le Bourlanges, pour sa part, est nettement meilleur maintenant, en spectateur dégagé, que dans le rôle de prof. de centrisme radoteur où il s’était enfermé pendant trente ans.
GOD SAVE THE KHAN – Lundi 9 mai
Lu quelque part (sans doute dans le 42, que je prends volontiers quand il pleut) : en accédant au poste de maire de Londres, Sadiq Khan est loin d’avoir épuisé ses ambitions, à en croire cette vraie-fausse confidence lâchée en réponse à un journaliste :
« Qu’est-ce que vous comptez faire après ?
— Tout, sauf reine d’Angleterre ! »
Comme quoi les Londoniens ont de la suite dans les idées : ils votent pour le candidat le plus drôle. Ainsi Sadiq succède-t-il à Boris, aussi marrant dans un genre moins Rastignac. À un journaliste qui lui demandait s’il envisageait d’entrer un jour à Downing Street, « BoJo » avait répondu : « J’ai autant de chances de devenir Premier ministre que de me réincarner en olive, ou d’être décapité par un frisbee. »
BACK IN USSR – Vendredi 13 mai
Décidément, rien ne va plus pour les communistes dans l’ex-patrie du socialisme. Non seulement ils ont scissionné comme de vulgaires trotskistes, mais pour récupérer la marque « Parti communiste » les deux PC en sont maintenant réduits à prendre à témoin la justice bourgeoise. Accessoirement, selon Le Figaro, chacun de ces deux partis (faux) frères accuse l’autre d’être manipulé en sous-main par Poutine. Et sur ce dernier point au moins, je ne serais pas surpris qu’ils aient raison tous les deux.
RAIDE CARPETTE – Dimanche 22 mai
Treize fois sélectionné, six fois primé, déjà palmé en 2006, Ken Loach triomphe une fois de plus cette année à Cannes, avec un énième drame misérabiliste sur les laissés-pour-compte du thatchero-blairo-cameronisme. Notez que je n’ai rien contre le cinéma engagé en général, sauf qu’il est généralement chiant.
Tel n’a pas été l’avis du jury cannois, qui s’est enthousiasmé pour ce trente-quatrième coup de piolet vengeur contre l’« extrême droite néolibérale ». Il fallait voir Ken, tous poings levés, remercier le festival d’avoir, à travers lui, distingué « un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants ». Sur ces fortes paroles, un tonnerre d’applaudissements est monté du parterre de pingouins triés sur la banquise… Vivement le réchauffement climatique ![access capability= »lire_inedits »]
LA GUERRE DU TYROL N’AURA PAS LIEU – Lundi 23 mai
Au premier tour de l’élection présidentielle autrichienne, le score du candidat d’extrême droite avait été jugé assez unanimement excessif. Depuis lors, Le Monde n’a cessé de faire monter la pression, le suspense, voire l’angoisse, chez ses lecteurs (dont moi, mais moins).
« L’extrême droite aux marches du pouvoir en Autriche », titrait-il ainsi le 18 mai, sur quatre colonnes et un ton solennel. Et de suggérer en sous-titre l’enjeu dramatique de ce scrutin : la guerre, tout simplement ! Une menace explicitée en trois points : non seulement le FPÖ est « hostile à l’Europe », mais il « veut augmenter le budget militaire » et pour cause… : il « a des visées sur une partie du Tyrol italien ».
Bref, au train où va Le Monde, les conditions semblent être réunies, en cas de victoire du redoutable Norbert Hofer, pour un Anschluss à l’envers de l’Autriche sur le Sud Tyrol et, partant, pourquoi pas, une nouvelle conflagration européenne. Elle pourrait opposer, par exemple, les gentilles démocraties bruxello-compatibles à l’Autriche et ses nouveaux amis populo-autoritaires du groupe de Visegrád (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Tchéquie)…
Comment ça, j’en rajoute ? Mais ce n’est pas moi, c’est mon quotidien du soir préféré ! La veille du second tour encore, donnant « le candidat d’extrême droite favori », il annonçait sur une pleine page le « crépuscule viennois » (sic), non sans préciser en sous-titre : « Ce second tour sonne le glas pour les partis au pouvoir depuis 1945 » (suivez mon regard).
Patatras ! Ce lundi, le cauchemar mondain s’est évanoui. En fin de compte, ça s’est passé comme chez nous aux régionales : par un prompt renfort, les 20 % du Vert se virent 50,3 en arrivant au port. Eh bien ! au lieu de se réjouir de cette victoire apparemment inattendue, Le Monde et ses clones redoublent d’inquiétude, sur le thème : combien de temps durera ce « répit » ?
Un défaitisme qui en dit long sur la confiance qu’ils accordent à leurs « champions ». C’est pourtant simple : tout dépendra du comportement du nouveau président, de son chancelier, de sa coalition et de son gouvernement ; bref, de tout sauf du FPÖ.
Comment ça, c’est pas rassurant ?
LAISSEZ VENIR À MOI LES PETITS ENFANTS… – Mercredi 25 mai
En tant que catholique, une question me taraude, depuis le temps que les curés pédophiles sont à la mode : pourquoi diable préfèrent-ils aussi massivement les Giton aux Lolita ? Sont-ils gays en plus, ou juste paresseux – les petits garçons étant plus abordables, si j’ose dire, entre scouts, enfants de chœur et autres allumeurs de cierges ?[/access]
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