Chez les technocrates bruxellois, chez les socialistes et autres fédéralistes, on s’inquiète des niveaux très élevés des partis nationalistes dans les sondages. Sans jamais se remettre en question sur les politiques menées jusqu’ici en matière régalienne.
Les élections européennes approchent. Les Français, refroidis entre autres par le traité de Lisbonne abrogeant de fait le résultat du référendum qui, trois ans plus tôt, avait rejeté le projet d’un traité établissant une Constitution pour l’Europe, se sont détournés de ces élections. Pourtant, les technocrates bruxellois et les européistes français sont inquiets : une bourrasque droitière nationaliste et anti-immigrationniste balaie en ce moment de nombreux pays d’Europe. L’immigration massive et, subséquemment, l’islamisation, l’insécurité et le déclin civilisationnel dans les pays d’accueil sont devenus des sujets incontournables : les peuples des pays membres de l’UE qui ploient sous les oukases de l’impératrice Ursula von der Leyen, du gouvernement allemand et de ses vassaux, Emmanuel Macron en tête, perçoivent-ils que ces élections pourraient être l’occasion de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière bruxelloise ? C’est en tout cas ce que semblent craindre les partisans d’une UE élargie, anti-nationaliste et immigrationniste. Raison pour laquelle ils déploient en ce moment les grandes manœuvres : propagande immigrationniste à tous les étages, préparation en catimini d’une transformation en profondeur des prérogatives de l’UE et esquisse d’une Europe « souveraine », diatribes répétitives et automatiques contre l’extrême droite, le nationalisme nauséabond, le fascisme aux portes du continent, et autres épouvantails – le tout avec l’appui de nombreux médias.
Souveraineté européenne contre souverainistes
« Nous aurons à faire le choix d’une Europe plus forte et plus souveraine à la lumière de l’héritage de Jacques Delors », a déclaré Emmanuel Macron en présentant ses vœux aux Français. Tout est dit. Tout est prévu. Un événement récent, passé relativement inaperçu, mérite pourtant toute notre attention : au mois de novembre 2023, le Parlement européen a adopté un projet de révision des traités qui dessine une future UE « souveraine » et des États nationaux sous tutelle. En voici quelques principes qui restent à débattre mais sont déjà dans les tuyaux :
– Création d’une fonction de “Président de l’Union européenne” en remplacement des présidents du Conseil européen et de la Commission qui serait elle-même remplacée par un « exécutif européen ». (Mario Draghi, ex-vice-président de Goldman Sachs Europe, ex-gouverneur de la Banque d’Italie, ex-président de la BCE, déclare en novembre 2023 qu’il est temps que l’Europe devienne « un État »). Président de l’UE ? Comme Philippe de Villiers, je ne serais pas étonné qu’Emmanuel Macron envisage d’ores et déjà d’occuper un jour ce genre de trône.
– Renforcement de la capacité d’action de l’Union en augmentant le nombre de domaines (dont la politique étrangère et la sécurité) pour lesquels les actions devront être décidées par un vote à la majorité qualifiée (et non plus à l’unanimité).
– Compétence exclusive de l’UE au détriment des États membres en matière d’environnement, de biodiversité et de négociations sur le changement climatique. Le tout sous l’œil inquisiteur du GIEC et les recommandations totalitaires de l’écologie politique.
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– Élargissement de la protection contre les discriminations aux questions de genre, d’origine sociale, de langue, d’opinions politiques et d’appartenance à une minorité nationale. Remplacement de « l’égalité entre les hommes et les femmes » par « l’égalité de genre » dans l’ensemble des traités. Le wokisme a de l’avenir au sein des institutions européennes.
Vous ne voulez plus d’immigration ? Vous aurez plus d’immigration !
Ajoutez à ces principes les déclarations hallucinantes d’Ylva Johansson, Commissaire européenne aux Affaires intérieures – « La migration est normale. Les migrations ont toujours existé. Les migrations existeront toujours. La migration fait partie de l’être humain. Il y aura toujours des migrants. Il n’est pas question d’arrêter les migrations » – ou celles, mensongères de bout en bout, de la Commission européenne pour la Journée internationale des migrants (sic) – « La migration est vieille comme le monde. Elle fait partie intégrante de l’humanité et demeure une constante. Les travailleurs migrants contribuent à la prospérité et à la diversité culturelle de leur pays de destination, ainsi qu’aux économies de leur pays d’origine. Nous attachons une grande valeur au rôle enrichissant que jouent les migrants dans nos sociétés » ; saupoudrez le tout de consignes ayant pour but d’effacer les racines chrétiennes de l’Europe sous couvert de « mettre en valeur la nature inclusive de la Commission européenne envers tous les milieux et toutes les convictions des citoyens européens » (dixit Helena Dalli, Commissaire européenne à l’Égalité conseillant d’éviter l’usage de mots comme « Noël » et de prénoms comme « Marie ») et de publicités continues pour le hijab via les campagnes européennes pour la jeunesse, le sport et la culture ; aspergez d’un zeste de wokisme en invitant par exemple les députés à remplacer l’expression « Mesdames et Messieurs » par celle de « Chers collègues » afin de « ne pas présumer du genre des personnes présentes » – vous obtenez ainsi le cocktail empoisonné concocté par nos super-technocrates bruxellois pour détruire les nations européennes.
En France, les médias publics reprennent sans barguigner la propagande européiste ainsi que la dénonciation panurgique d’une extrême droite fantasmagorique. France Inter, parfait exemple de servilité et de soumission, chante quotidiennement les bienfaits de l’immigration, du wokisme et d’une UE élargie, imposante, au-dessus des États-nations. Le 5 janvier, la journaliste Marion L’Hour recevait le président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Charleroi, Paul Magnette, un phénomène déjà évoqué dans ces colonnes. M. Magnette a affirmé que « le nationalisme c’est vraiment le fléau que subit l’UE aujourd’hui, c’est vraiment l’extrême droite qui prospère sur toutes les terres dans lesquelles on a vu les emplois disparaître, les services publics affaiblis – c’est vraiment le cancer aujourd’hui ». La journaliste de France Inter n’a pas eu le réflexe de demander à M. Magnette à quelles formations politiques et à quelles politiques européennes nous devions cette destruction des emplois et des services publics. C’est dommage : quarante ans de désindustrialisation et d’immigration non contrôlée sous la férule de l’UE et avec l’assentiment des gouvernements de droite comme de gauche nous ont pourtant conduits au point de désastre décrit par le bourgmestre de Charleroi. Selon M. Magnette, la loi française sur l’immigration est un pur produit de l’extrême droite et la régularisation des migrants illégaux permettrait de prendre en charge ces pauvres hères qui « s’ils tombent malades, n’ont aucune couverture » – Marion L’Hour rate une fois de plus le coche : en France, l’AME offre aux migrants illégaux qui en font la demande le même accès aux soins (hormis l’aide médicale à la procréation et les cures thermales) que les Français qui cotisent pour pouvoir bénéficier de ces services. Quant à l’opinion des Français en matière d’immigration, à l’instar du macroniste Sacha Houlié, Paul Magnette s’assoit dessus : « Ce qu’on attend des politiques, ce n’est pas qu’ils s’alignent sur les émotions de l’opinion mais qu’ils affirment des responsabilités, qu’ils disent des choses et qu’ils les expliquent. » Vaste programme dont la vague énonciation laisse deviner de nouveaux discours sur le besoin, la nécessité, l’importance d’une immigration inévitable, indispensable, souhaitable et même bénéfique pour l’Europe.
Un socialiste peut en cacher un autre
Un socialiste européiste et immigrationniste (belge) peut en cacher un autre (français). Toute honte bue, Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, a avoué avoir retardé la parution d’un rapport sur l’immigration pour « ne pas interférer » dans le débat sur la loi sur… l’immigration. Il a craint, dit-il, que ce rapport soit « caricaturé et utilisé à mauvais escient ». Les hauteurs où trône le Président de la Cour des comptes sont-elles privées à ce point d’oxygène que le cerveau de ce dernier n’a pas pu concevoir l’incongruité, le mot est faible, d’une telle décision et de tels propos pour la justifier ? Il semble que nos élites européistes ont définitivement entériné l’idée que les opinions publiques doivent être ignorées et les représentants élus empêchés de connaître la réalité pour débattre sur des sujets d’importance comme l’immigration dès lors qu’il s’avère que cela peut entraver la marche en avant vers la planification euro-mondialiste organisée par les intermédiaires techno-davosiens que sont ces mêmes élites. Certains électeurs se vengeront de cette attitude en votant RN ou Reconquête aux prochaines élections européennes, non par conviction mais par dépit.
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Un socialiste hors-sol français peut en cacher un autre. Le Point s’est entretenu avec le bientôt nonagénaire Pierre Joxe[1]. Quarante ans plus tard, le ministre de l’Intérieur au moment de l’affaire du foulard islamique à Creil n’en démord pas : « Il y a eu une instrumentalisation. L’affaire a été montée par le principal du collège, un RPR masqué ». Et l’islam ? « L’islam est très respectable mais mal connu des Français. […] Que l’islam ait provoqué des guerres, c’est une vérité. Dans toutes les autres religions, des croyants ont poussé à l’extrême leur fanatisme. Il n’y a aucune différence entre les criminels invoquant fallacieusement l’islam aujourd’hui et les criminels chrétiens d’autrefois qui massacraient souvent femmes et enfants. » C’est beau comme du Edwy Plenel (ou du Edgar Morin). Quant au conflit entre le Hamas et Israël : « Hélas, toutes les guerres coloniales produisent et aboutissent à des massacres. Nous l’avons bien appris en Indochine, à Madagascar, en Algérie. […] Heureusement, le secrétaire général de l’ONU, M. Gutteres, élève sa voix pour dénoncer le cimetière d’enfants de Gaza ». Une dernière citation pour la route et pour faire se pâmer Christiane Taubira, Rokhaya Diallo, les décolonialistes, les racialistes et le gouvernement algérien : « La France est un pays encore malade de son colonialisme. Hélas, beaucoup de Français sont imbibés de préjugés racistes et suprémacistes. » On voit par-là que les socialistes ne lésinent jamais quand il s’agit de mettre à mal la France.
Raphaël Glucksmann, député européen et probable tête de liste des socialistes pour les prochaines élections, est de la même veine idéologique que ses aînés. Atlantiste convaincu, immigrationniste forcené, écologiste par opportunisme, il est ardemment soutenu par deux fossoyeurs de la France, j’ai nommé Daniel Cohn-Bendit et Jacques Attali, ce dernier voyant en Gluksmann un nouveau Delors – ce qui n’est guère rassurant. « Toutes les grandes questions qui sont aujourd’hui le cœur du débat public dans notre pays, ont une réponse à l’échelle européenne ; la migration, l’écologie, la défense, la politique commerciale, tout cela doit se discuter à l’échelle européenne », a déclaré Raphaël Glucksmann sur France Inter, il y a trois mois, en réfutant l’idée d’un référendum sur l’immigration et en se réjouissant d’une potentielle entrée de l’Ukraine dans une UE qu’il voudrait voir accueillir toute la misère du monde. Bien entendu, son combat pour une UE élargie jusqu’aux frontières les plus à l’est (pour énerver la Russie, son ennemi juré – surtout depuis ces fonctions de conseiller, curieusement peu commentées en France, en Géorgie puis en Ukraine) et servant la soupe aux États-Unis ainsi que pour une « société ouverte » mondialisée ne serait pas complet sans un barrage en bonne et due forme contre… l’extrême droite, syntagme qui englobe maintenant à peu près tous ceux qui ne pensent pas comme Raphaël Glucksmann – ce qui finit par faire du monde.
[1] https://www.lepoint.fr/politique/pierre-joxe-jean-luc-melenchon-est-un-homme-estimable-03-01-2024-2548943_20.php
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