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Fioraso lutte contre les inégalités intellectuelles


La bourse au mérite, qui récompensait les élèves ayant obtenu mention Très Bien au bac dont les parents ne sont pas imposables, sera  abolie dès la rentrée prochaine, a annoncé l’extraordinaire Geneviève Fioraso. Au nom de la courageuse réduction des déficits publics, et sous le prétexte vaseux d’un « redéploiement de moyens », le gouvernement choisit de supprimer une mesure plus symbolique que coûteuse (50 millions par an contre 2.5 milliards pour les bourses sociales), qui incarnait pourtant une certaine idée de l’école. Un idéal méritocratique qui permit notamment au petit Charles, fils d’une rempailleuse de chaises, et au petit Albert, fils d’une femme de ménage analphabète, de devenir les grands Péguy et Camus (et oui, sachez-le, sans les bourses au mérite les deux écrivains auraient fini respectivement curé de campagne et gardien de chèvres, et on aurait été bien embêté).
Mais la gauche bourdieusienne a vite oublié cette idée que le talent pouvait être un levier pour s’émanciper de la misère sociale. Aux chiottes l’idée darwinienne – pour ne pas dire raciste – selon laquelle les meilleurs devraient être récompensés : du social, et puis c’est tout ! Au nom de l’œuvre irréfutable du sociologue, elle considère le mérite comme un privilège, et regarde ceux qui réussissent avec un œil suspicieux et envieux – ce que Nietzsche appelait le « ressentiment du rachitique ». L’école étant désormais  le « lieu de reproduction des inégalités sociales » (Bourdieu), elle doit nécessairement devenir celui de l’assistanat. Résultat : elle devient de plus en plus le lieu de production du nivellement intellectuel, et la bourse au mérite était l’un des derniers garde-fous qui permettait de juguler cette égalitarisation par le bas.
Pour poursuivre ce beau travail de rabotage, je propose d’attribuer une bourse d’excellence à ceux qui réussissent encore à rater leur bac. En vérité, je vous le dis, ceux là sont les vrais méritants, car échouer à cette réussite programmée par le laxisme bienveillant de l’éducation nationale, c’est un peu comme gagner le tour de France sans stéroïdes anabolisants. Sachons les récompenser.



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Journaliste au Figaro, elle participe au lancement de la revue Limite et intervient régulièrement comme chroniqueuse éditorialiste sur CNews.

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