Les jeunes Français n’aiment plus travailler.
Une enquête réalisée entre le 11 et le 13 octobre par l’IFOP[1] ne va pas réjouir les défenseurs de la valeur travail. Plus de 2 000 personnes majeures et représentatives de la population ont été interrogées sur leur perception du travail. Le résultat est sans appel : une majorité de Français, 54 %, assimile le travail à une contrainte et non à une source d’épanouissement. Ce qui explique que 45 % d’entre eux confessent travailler « juste ce qu’il faut », une pratique particulièrement marquée chez les jeunes actifs de 18 à 34 ans. On retrouve le même pourcentage pour ceux qui reconnaissent que le salaire est l’unique élément qui les pousse à se rendre au travail. En 1993, ils étaient 33 % dans cette situation. Ils sont 58 % à affirmer qu’ils cesseraient leur profession s’ils percevaient un revenu équivalent à celui qu’ils perçoivent aujourd’hui sans devoir travailler. En 2003, seulement 46 % des personnes interrogées par l’institut de sondage CSA répondaient de cette manière. Aujourd’hui, 37 % des Français se disent concernés par ce qu’on appelle le « quiet quitting », qui signifie « démission silencieuse ». Il ne s’agit pas d’une démission stricto sensu, mais d’un refus de s’investir dans son emploi plus que de raison. Tout en gardant son poste, le salarié lève le pied, refuse les heures supplémentaires, ne se laisse pas solliciter en dehors de ses horaires ou évite d’effectuer des tâches qui ne relèvent pas de son profil de poste. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette évolution de la vision du travail : la place croissante du télétravail, accentuée par la pandémie ; la quête de sens, souvent invoquée par des jeunes pour des raisons écologiques et sociales ; l’aspiration à plus de temps libre. Cette étude vient confirmer que le travail n’occupe plus une position centrale dans la vie d’un grand nombre de gens. Sandrine Rousseau est-elle en train de gagner la bataille des idées avec son « droit à la paresse » ?
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[1]. Résultats disponibles sur le site lesmakers.fr.