La France semble impuissante à obtenir d’Alger la libération de l’écrivain Boualem Sansal, emprisonné depuis deux mois.
Les sujets ne manquent pas actuellement qui intéressent le citoyen passionné par l’actualité dans ce qu’elle a de signifiant pour la France et le monde. Pourtant, toujours, l’angoisse sur le sort de Boualem Sansal. Notre pays qui n’a pas pu faire élire Kamala Harris aux Êtats-Unis trouve Donald Trump majoritairement « raciste et agressif ». Quelle découverte !
Brouillard des nouvelles
On continue à débattre de X et on voudrait nous enjoindre de le quitter comme si nous avions besoin, sur ce plan également, de maîtres guidant nos choix, nos appétences et nos indignations.
Élisabeth Borne continue avec obstination à s’occuper de tout sauf de l’Éducation nationale : elle a quitté son obsession anti-Gabriel Attal pour focaliser sur la vie intime et sexuelle. On finira un jour par raccroc à se préoccuper de ces formations dérisoires : lire, écrire et compter !
Cependant, sans cesse, derrière le brouillard confus des nouvelles de toutes sortes, la question lancinante et tragique sur ce que devient et comment va Boualem Sansal.
La mère coupable de l’atroce mort d’Amandine a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité. Le sentiment que ce n’est que justice est mêlé à la conscience de la misère humaine et sociale. Il n’est jamais simple de juger même avec de l’horreur face à soi.
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Le Premier ministre François Bayrou va s’expliquer le 27 janvier face à Darius Rochebin sur LCI, notamment sur le budget à venir. Nous aurons au moins la certitude de bonnes, de pertinentes questions formulées sur un ton courtois. J’espère que les commentaires citoyens éviteront le dérisoire pour s’attacher à l’important.
On a beau jouer les cyniques, les blasés ou les sceptiques, on ne peut s’empêcher d’éprouver un frisson d’espérance sur l’Ukraine, sur Poutine et Donald Trump qui, dans des genres différents, sont des maquignons de la politique. Qu’ils n’oublient pas l’inlassable et vaillant Zelensky.
Thomas Legrand lucide
Mais Boualem Sansal demeure dans nos têtes et malgré l’énergie de ses amis les plus chers – je songe par exemple à Arnaud Benedetti et Xavier Driencourt -, le pessimisme nous gagne. On se demande ce qu’attend la France pour répondre à l’Algérie et mettre en œuvre des ripostes et des rétorsions immédiates. Faut-il que notre pays soit encore davantage humilié ?
Le Parlement européen a voté une résolution réclamant la libération de Boualem Sansal, adoptée par 533 voix sur 605. Les Insoumis Rima Hassan, Anthony Smith, Arash Saeidi et Emma Fourreau, ainsi que l’écologiste Mounir Satouri ont voté contre. Les LFI Manon Aubry et Younous Omarjee se sont abstenus.
Le fait que Thomas Legrand les ait condamnés en invoquant une faute politique dans le quotidien Libération aurait été plutôt de nature à m’inquiéter, il va systématiquement vers la défense des mauvaises causes. Mais acceptons que pour une fois la lucidité l’ait frappé !
Je me distingue de lui dans le choix de sa dénonciation. C’est bien plus qu’une faute politique, grief qui réduirait cette ignominie à une erreur partisane. Comme si LFI ne nous avait pas habitués depuis longtemps, et avec constance, à des positions qui défient l’entendement et le bon sens…
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Non, c’est pire que cela. On a le droit de ne pas aimer les idées de cet écrivain franco-algérien de qualité et de courage, on peut, pourquoi pas, ne pas apprécier ses livres mais le problème n’est plus là : quand un écrivain, âgé de 80 ans, malade qui plus est, est incarcéré dans des conditions qui relèvent de la pure intimidation politique, pour se venger d’un revirement diplomatique de la France et humilier notre président de la République, on hiérarchise, on va vers l’essentiel, on se tourne vers l’urgent.
On ne tombe pas dans la honte humaine. On n’est pas indigne comme les bourreaux de Boualem Sansal. On n’accable pas une personne à terre. Il y a une solidarité morale qui devrait l’emporter sur l’affrontement belliqueux, au demeurant absurde.
Le souvenir de Boualem Sansal ne me quitte pas et mon impuissance, comme celle de la France, sont un crève-cœur.
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