Avec ses 48 milliards pour les « cités », le concepteur du plan banlieues Jean-Louis Borloo espère acheter le vivre-ensemble au prix du déshonneur. Or, si ce plan anachronique est mis en œuvre, la France récoltera et la guerre civile et le déshonneur.
Que la thérapie Borloo soit inefficace ne signifie pas que le mal qui ronge les banlieues ne doit pas être rapidement et massivement endigué. Bien au contraire, il est urgent de reconquérir les territoires perdus. Il en va de l’honneur du pays des droits de l’homme qui ne saurait tolérer que, sur son sol, des gamins encapuchonnés et armés fassent baisser la tête aux habitants des « cités ».
Au Moyen Âge, « ban-lieu » désignait d’ailleurs le lieu du ban, c’est-à-dire l’endroit où le seigneur rendait la justice. D’où les termes « bannis » ou « forbans ». Quelle ironie lorsque l’on songe à ce que sont devenus les environs de la cathédrale Saint-Denis !
Y rétablir l’ordre s’impose également comme un impératif d’ordre public. Le périphérique ne protègera pas plus la France de la violence qui gangrène les cités sensibles que la ligne Maginot ne l’avait protégée des envahisseurs. Le risque du retour de la violence mimétique n’est plus extérieur. Il réside dans l’affrontement entre deux modèles de société.
Pour réduire la fracture ouverte entre la France des banlieues et le reste du pays, il est indispensable d’adopter un train de mesures énergiques. Un tel traitement de choc matériellement et juridiquement possible semble symboliquement et moralement impensable à certains. Pourtant, ce plan banlieue alternatif écarterait le spectre d’une guerre civile en ramenant les fameux territoires perdus dans le giron de la République. Il pourrait tenir en six mesures.
Légaliser le cannabis
La première consisterait à légaliser la consommation et la vente des drogues douces (herbe et résine de cannabis). Ce faisant, on ne liquiderait pas le gravissime problème que soulèvent la consommation et la vente de stupéfiants mais on transformerait de nombreux dealers en commerçants ordinaires. Beaucoup de caïds y regarderaient à deux fois avant de rester dans la marge, compte tenu du coût de l’illégalité (violences, emprisonnement). Deux fois sur trois, c’est pour protéger leur territoire que les dealers organisent des soulèvements et excitent la piétaille des « chouffeurs » qui font le guet. Les tribunaux et la police étant saturés par cette petite criminalité qui cause beaucoup de tort aux habitants, il convient d’y mettre un terme.
La deuxième mesure s’inspirerait des méthodes des imams salafistes et les dealers qui se font obéir au doigt et à l’œil de jeunes soi-disant incontrôlables. Comment réussissent-ils là où nous échouons ? Tout simplement parce qu’ils ont compris que la seule chose que respectent les jeunes des cités, c’est le courage physique. Dealers ou islamistes n’exaltent pas la tolérance ou le vivre-ensemble mais la force et la certitude. Installer un rapport de force, disposer de certitudes inébranlables et dominer les groupes et non les individus, voilà leur secret.Le seul moyen de reprendre le contrôle des jeunes turbulents des banlieues serait de rétablir un service militaire fondé sur l’apprentissage de la discipline, des armes et le respect du drapeau. Un service militaire qui ne leur serait pas réservé mais qui, au contraire, permettrait un brassage générationnel et inclurait les filles. Trois ou quatre mois de classe seraient plus efficaces pour dégager une élite d’officiers et de sous-officiers chez les jeunes français de toutes origines et de tout sexe que l’académie « des dealers » proposée par Borloo.
Passer (enfin) le Kärcher
Tenons enfin la promesse jadis lancée par Sarkozy du Kärcher. Une troisième mesure consisterait ainsi à frapper très fort et de manière foudroyante contre le crime organisé en banlieue. Un déploiement des forces armées, si la police et la gendarmerie ne suffissent pas, devrait libérer les banlieues de l’occupation de la minorité de malfaisants qui y caillassent les pompiers. La mission des forces de l’ordre serait de saisir les armes, les produits stupéfiants et l’argent liquide mais aussi d’incarcérer les fauteurs de trouble et d’expulser les fichés S. Il faudrait agir sous le contrôle du pouvoir judiciaire mais avec une législation durcie.
La quatrième mesure serait économique. Il s’agirait de rompre avec la politique austéritaire. Au lieu de dépenser 48 milliards en cinq ans pour les banlieues, cessons de rembourser 44 milliards d’intérêts d’une dette qui n’est plus remboursable et cessons de contribuer à hauteur de 20 milliards par an au budget de l’UE. L’investissement massif dans les nouvelles technologies et dans les infrastructures partout sur le territoire national ferait repartir une croissance française qui s’époumone à 1,5% par an. Ceci est bien sûr inenvisageable dans le cadre imposé par la BCE et par la politique macroéconomique dictée par les traités européens.
Suspendre le regroupement familial
Si l’islam et l’immigration sont loin de résumer la question des banlieues, ils en sont néanmoins le cœur. La nécessité de concordat à l’égard de la religion musulmane en France formerait un cinquième chantier. Il faudrait également avoir suffisamment d’estomac pour tenir un langage de clarté et d’exigence à l’égard de l’Islam de France à la mode de ce que Bonaparte avait su faire avec le judaïsme. A cet égard, l’entretien que Jean-Louis Borloo a accordé au Monde est un morceau d’anthologie du politiquement correct : pas un mot sur l’islamisation des quartiers ou l’immigration en deux pages d’entretien !
Si le Grand remplacement n’existe pas, les banlieues révèlent bel et bien que des petits remplacements localisés sont en cours. Il est essentiel de stopper ce mécanisme infernal avant qu’il ne soit trop tard. Pour cela, déracialisons la question migratoire. Comme l’illustrent la Guyane ou les banlieues, les Français de toutes origines veulent limiter drastiquement les flux humains entrants.
Ayons donc le courage de raccompagner massivement chez eux, c’est-à-dire par centaines de milliers les irréguliers. Ayons aussi l’audace de suspendre le regroupement familial.
Lorsque Borloo évoque le risque d’une fracture, il se trompe, la fracture est là. Si nous n’agissons pas promptement pour la refermer, il faudra un jour amputer. Comme disait Bernanos, les optimistes n’ont pas pitié des hommes.
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