« C’est plié, il n’y a pas de match, Sarkozy va revenir », a prophétisé Jean-Louis Borloo jeudi. Le président de l’UDI tire ce scoop de son récent déjeuner avec l’ancien chef de l’Etat, qui lui aurait confié ses ambitions présidentielles entre deux coups de fourchette. À en croire Borloo, Sarkozy consulte les grands pontes centristes les uns après les autres, dans l’idée de former une alliance en vue de la présidentielle de 2017. Il se murmure même que le prédécesseur de François Hollande voudrait créer un nouveau parti, histoire de ne pas hériter du discrédit qui colle aux basques de l’UMP depuis l’an dernier. Cela n’a échappé à personne, le règlement de comptes Fillon-Copé a laissé des traces dans l’opinion…
Mais tout cela ne nous dit pas pourquoi Sarkozy reçoit à tout va les amis de Borloo. Sitôt ses fiançailles avec François Bayrou scellées et l’alliance UDI-Modem créée autour du label « L’Alternative », Jean-Louis Borloo retrouve sa vieille défroque d’éternelle caution sociale de la droite. Dans ses dernières déclarations, on reconnaît le doux fumet de sa vraie-fausse candidature annoncée à l’automne 2011 par Rama Yade (signe prémonitoire…), suivie d’un soutien direct à Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. Borloo reviendrait-il au bercail ? Son acolyte centriste, qui bat la campagne à Pau, devrait en tout cas se faire du mouron : aussitôt annoncée l’alliance UMP-UDI-Modem à Paris et Marseille, voilà que Borloo se mue en Pythie du sarkozysme.
Nombre de journalistes politiques aimeraient être une petite souris – ou un méchant mouchard- pour savoir ce que Borloo et Bayrou se disent en ce moment. Connaissant la réputation d’éternel velléitaire du premier et les ambitions présidentielles récurrentes du second, on peut raisonnablement penser que la pilule Sarko ne passe pas.
Autrefois, on disait des trotskistes qu’à deux ils formaient un parti, à trois des tendances, à quatre une scission. Désormais que le Vieux est passé de mode, il semblerait que cet adage vaille pour les centristes…
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !