Qui peut le croire ? Qui a eu un jour cette idée folle, qui l’a cautionnée ? Qui a sélectionné les 500 artisans labellisés par l’État pour lancer le bonus réparation textile ? Réponse: Bérangère Couillard, notre « courageuse » et frondeuse Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de l’Écologie. Son dernier fait d’arme la confortera-t-elle lors d’un éventuel remaniement gouvernemental ?
Résumons. Une aide pour aller chez le cordonnier : 8 euros remboursés par la Sécurité Sociale des semelles fatiguées. 7 euros pour réparer un trou, une déchirure, un accroc ou refaire un talon. 8 à 15 euros pour la réparation d’un zip. Pour raccommoder une doublure, 10 à 25 euros. 500 commerçants seront concernés, et le dispositif devrait être mis en place à l’automne. D’accord, mais que fait-on des baskets ?
Plus belle la vie
Autrefois, on donnait nos vêtements autour de soi quand on n’en voulait plus. On les revendait même à des boutiques spécialisées, ou on les exposait aux vide-greniers ; bref on les jetait rarement, comme monsieur Jourdain et sa prose on faisait de l’économie circulaire sans le savoir ! Sachant que les grandes enseignes de prêt-à-porter vous reprennent les vieux vêtements achetés chez eux contre un bon d’achat. Mais on n’avait pas pris en compte le concept de « seconde vie » qui fait chaud au cœur de votre tee-shirt abandonné.
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L’aide, mise en place dès lors que les 500 couturiers et cordonniers seront référencés, sera sous la houlette d’Elsa Chassagnette, en charge de ce « fond de réparation » (ça ne s’invente pas) grâce à « l’éco contribution de la filière textile ». Oui, parce que nos fringues polluent et que votre shopping coup de cœur frise l’éco criminalité ! La filière textile, qui par ailleurs se porte très mal depuis l’épidémie du Covid et dont les principales chaînes de prêt-à-porter ont fermé, doit apprécier que l’on incite à ne plus acheter… Pas grave : on doit aller vers la décroissance et financer les victimes de la décroissance, CQFD… Donc au lieu de réparer le trou des Finances publiques, on va réparer ceux de nos vêtements en vidant un peu plus les caisses de Bercy sur le principe des vases communicants. Mais on est raisonnable et l’inquiétude est présente, car il faut un maillage non pas textile, mais territorial, des artisans commerçants agréés… Il faut précisément que l’artisan soit agréé par l’État ou ses représentants, les sachants toutes catégories (y aura-t-il bientôt un concours de couture à l’ENA ?). Parce que si le réparateur est à plus de 10 km, il faut prendre sa voiture (électrique et fabriquée en Chine, ça va de soit) mais pour le commun des troués, le prix et la pollution de l’essence consommée pour aller chez le médecin du vêtement vont polluer la verdeur de la démarche… Un casse-tête chinois !
Parlons chiffons
Ce n’est pas pour rien que le ministère des Finances intervient : il faudra que « le prix de la réparation soit inférieur à un tiers du prix de rachat » (sic). Sans commentaire, on vous laisse réfléchir…
Ce qui ne manque pas de sel c’est que la mode consiste actuellement à porter des vêtements troués, voire en lambeaux ! Y compris dans les collections de haute couture, nombreux sont ceux qui s’appliquent à trouer leur jeans, à effranger leurs chemises, à user coudes et genoux, à décolorer ce qui paraît neuf, etc. Peut-être pourrait-on créer un bonus « destroy » pour compenser l’absence de bonus de réparation ? Parce que lorsque le vêtement ressemble à une loque, il vaut plus cher. L’« ultra fast-fashion » va y perdre son latin. En France on n’a pas de pétrole, plus d’argent, mais on a des idées fumeuses.
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