Rien ne va plus entre le président brésilien Jair Bolsonaro et les tenants de l’ordre. Alors que les officiers de l’armée campent sur la défense de l’État de droit, les bolsonaristes fanatiques rêvent de détruire le système avec l’appui virtuel des foules galvanisées sur Twitter.
Six mois après l’intronisation de Jair Bolsonaro, force est de le reconnaître : le nouveau président du Brésil n’assume pas ses nouvelles responsabilités de chef de l’État. Au lieu de jouer la carte du rassemblement, de se concentrer sur les thèmes le plus consensuels de sa campagne – le rétablissement de la loi et de l’ordre, et la relance de l’économie plongée dans une quasi-récession depuis cinq ans –, il reste le leader d’un mouvement conservateur, populiste et antisystème à caractère révolutionnaire. Or, cette posture le condamne à l’impuissance.
Le régime politique brésilien est présidentiel, mais la constitution est parlementaire. L’élection du chef de l’État au scrutin majoritaire lui confère une forte légitimité et une large capacité d’initiative, mais il doit néanmoins composer et négocier avec un Congrès doté de nombreuses prérogatives et fractionné en une foule de partis. Les 513 députés de la chambre basse siègent pendant quatre ans (le temps du mandat présidentiel) tandis que les 81 sénateurs sont élus pour huit ans : faire coïncider majorité présidentielle et parlementaire constitue donc un exercice politique laborieux et compliqué.
Dans le cadre constitutionnel brésilien, le premier défi pour le président élu consiste à construire une coalition de partis disposant d’au moins une majorité simple au Congrès. Toute réforme ambitieuse requiert d’amender la constitution, avec l’appui d’une majorité qualifiée représentant trois cinquièmes des parlementaires des deux chambres.
