Le jeune Yanis, 15 ans, blessé mardi dans un accident, est décédé jeudi 18 mars à l’hôpital de Tours. Il était passager d’une voiture ayant refusé un contrôle, dont le conducteur est depuis en fuite. L’incident est à l’origine d’émeutes. Régulièrement, des quartiers ensauvagés entiers s’embrasent ainsi en France.
Quand l’État est incapable et le droit impuissant, des citoyens prennent les choses en main.
Il y a quelques semaines, c’était La Duchère à Lyon. Puis à Beauvais et à Blois, il y a quelques jours. De plus en plus souvent, la nuit, les quartiers s’embrasent.
Les occasions ne manquent pas et tous les prétextes sont bons pour les vandales de troisième génération de casser, de piller, de brûler ce qui leur tombe sous la main ou d’affronter la police. Le lendemain de chaque émeute urbaine, les représentants de l’État viennent au milieu des cendres prononcer des discours martiaux sur la loi de la République qui doit s’appliquer partout, et promettent des actions de la police et des sanctions de la justice pour les coupables. Avec les saccages qui se multiplient, on constate que la force publique n’est pas dissuasive et que des bandes de petits morveux violents, dans certains territoires perdus -mais pas pour tous-, tiennent l’État en échec. Dans cette défaite française face aux nuisances et aux destructions, on trouve de petites victoires.
J’ai le souvenir de deux modestes réussites dans la résistance aux ensauvagements dans les cités.
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La première est individuelle. Pendant les émeutes de 2005, un plombier croisé sur des chantiers qui vivait dans un ensemble HLM était descendu passer quelques nuits dans sa camionnette sur le parking avec son fusil de chasse. Il ne s’en était pas servi mais l’avait posé en évidence, par principe de précaution, pour que son outil de travail ne parte pas en fumée, parce que des gamins jouaient les incendiaires. À la fin des hostilités, il n’a eu à déplorer aucune perte dans la bataille pour le vivre ensemble dans son quartier.
La deuxième est collective mais reste très isolée. Il y a quelques années, les pompiers corses d’Ajaccio ont été attirés dans une cité et attaqués par des jeunes. Les habitants n’ont pas aimé que l’on s’en prenne à leurs soldats du feu, à ceux qui s’interposent entre eux et leur pire ennemi. Et en cortège, en procession, ils ont défilé au pied des immeubles en prévenant qu’ils ne laisseraient pas faire, certains ont même ajouté « les Arabes dehors ». On a entendu alors au JT des témoignages de Corses d’origine immigrée effrayés par l’ambiance menaçante et xénophobe, et puis on n’a plus entendu parler d’Ajaccio dans la rubrique des agressions de pompiers.
Faut-il ajouter le port d’arme aux droits de l’homme et du citoyen français ? Faut-il former des milices d’autodéfense claniques et locales ? Sans doute pas. Mais certains lendemains d’incendies, quand l’impuissance qui semble inexorable de notre État de droit s’étale au milieu des ruines, on reconsidère moins sévèrement les succès ponctuels mais solides de certains archaïsmes pour tenir en respect les sauvageons.
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