Les joueurs de l’équipe de France championne du monde pourront-ils devenir consultants après leur carrière ? C’est moins sûr qu’une frappe de Benjamin Pavard…
« A l’Atlético, on est une équipe réputée de courir » (Antoine Griezmann sur TF1 dans « Les Bleus 2018 : au cœur de l’épopée russe »).
Jean-Michel Larqué aurait sans doute dit « une équipe réputée pour sa vélocité » ; et Franck Leboeuf, « une équipe qui a la réputation de courir vite ». Question de génération.
On se demande souvent si notre équipe de France est à l’image de notre pays. Je n’en sais rien. Il me semble toutefois certain que pour le comportement racaille, la génération Ribéry nous a fait toucher le fond et que nous en sommes revenus. Mais à chaque Coupe du Monde, j’aurai une pensée pour Yoann Gourcuff, notre babtou national dont le rêve aura tourné au cauchemar par la faute d’une bande de voyous, sans qu’on lui offre une seconde chance (contrairement à Patrice Evra, pourtant plus âgé).
Centre de Bac S et but de BEP vente
En tout cas, notre équipe semble malheureusement toujours être à l’image des compétences lexicales de sa génération. Et cela n’a rien à voir avec le niveau d’études. Il est hautement probable que le nombre de diplômés soit supérieur dans l’équipe actuelle à ce qu’il était il y a quarante ou cinquante ans. Aimé Jacquet, milieu de terrain de l’équipe de France 1968 a péniblement décroché son certificat d’études avant de passer un CAP de métallurgie qu’il obtiendra au bout de deux tentatives. Attaquant dans l’équipe de France 1978, Dominique Rocheteau a raconté avoir raté son baccalauréat à cause d’une note catastrophique en mathématiques. Pour ne prendre que deux exemples.
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Sans parler du fait que le certif’ de Jacquet n’a sans doute rien à envier au bac d’Mbappé, il faut rappeler que les sections sports-études n’existaient pas avant la fin des années soixante. Combiner la scolarité avec les exigences de la formation sportive était quasi impossible. Les jeunes sportifs professionnels d’aujourd’hui ont bénéficié de conditions bien plus favorables, grâce aux sections sportives scolaires (depuis les années 90) et aux centres de formation. Pour la finale de cette Coupe du Monde nous avions ainsi le luxe de trouver sur le terrain un Bac S dans les buts, un bac ES (avec mention) en milieu de terrain, non loin d’un BEP vente, et un autre bac ES en attaque, côtoyant un bac STMG (sciences et techniques du management et de la gestion). J’en oublie sûrement.
Pas tout à fait Thierry
Devant les caméras, en conférence de presse, ils ne parlent pas trop mal. Ils s’expriment aussi bien que leurs prédécesseurs. Seulement, ce que les anciens disaient spontanément, les nouveaux ont apparemment besoin qu’on le leur souffle. François Manardo, ancien chef de presse de l’équipe de France expliquait récemment sur le plateau de BFMTV que les grandes équipes employaient à présent des conseillers en communication chargés de préparer les joueurs à ces prises de parole. Un coaching langagier pour ainsi dire. Entendant cela, l’ancien prof d’EPS béarnais plus connu comme triple champion de France en tant que milieu de terrain des Verts et ancien comparse de Thierry Rolland (note à l’attention des lectrices célibataires : cette longue périphrase désigne Jean-Michel Larqué) a manifesté une surprise qui témoigne combien cette pratique récente eût semblé totalement aberrante aux joueurs de sa génération.
On dira, et c’est absolument exact, que les footballeurs ne sont pas payés pour parler mais pour taper dans un ballon. A chacun son métier. Toutefois, quand ils savent causer, ces messieurs peuvent espérer, une fois à la retraite, être payés pour parler. Cela ne signifie pas que ceux qui en font profession, en tant que « consultants », s’expriment comme des livres ; du moins sont-ils capables, pour la plupart, de tourner en termes corrects des idées simples. Et ce, dans un micro, ce qui est toujours plus difficile que de s’exprimer en contexte « naturel ». Pour ceux qui ont suivi les après-matchs sur BFM TV, il sautait aux yeux que William Gallas était bien moins à son aise dans l’exercice qu’Emmanuel Petit, entre autres.
Le patron, c’est Pogba
Le documentaire de TF1 « Les bleus 2018 : au cœur de l’épopée russe » a permis de constater deux choses qui ne sont contradictoires qu’en apparence :
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