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BlacKkKlansman, un film à montrer à Houria Bouteldja

Un film sur le racisme qui ne parle pas seulement de l'Amérique


BlacKkKlansman, un film à montrer à Houria Bouteldja
Adam Driver et John David Washington dans "Blackkklansman" de Spike Lee, 2018. ©40 ACRES AND A MULE FILMWORKS / / COLLECTION CHRISTOPHEL

Spike Lee n’aime pas Donald Trump, et je parierais sans risque que Trump n’aime pas Spike Lee : les trois dernières minutes de BlacKkKlansman sont une charge violente sur le thème « il est encore fécond, le ventre qui a nourri la bête immonde » — comme dirait Brecht : quoique l’essentiel du film se déroule en 1979, les dernières images sont celles des émeutes de Charlottesville, en 2017, où des suprématistes blancs de toutes farines se livrèrent à diverses exactions, allant jusqu’à foncer en voiture dans la foule des contre-manifestants, tuant une certaine Heather Heyer. L’assassin, James Allen Fields Jr, est actuellement inculpé pour meurtre — procès à venir.

Un bon film raisonnablement militant

Deux ou trois personnes, dans la salle, manifestèrent par des applaudissements leurs convictions anti-racistes et leur satisfaction d’être dans le camp du Bien — c’est gamin mais ça ne mange pas de pain. Si leur bonne conscience est à ce prix…

Mais ce n’est certainement pas pour ces trois minutes un peu didactiques, closes sur un drapeau américain à l’envers et glissant vers le noir et blanc, que j’ai beaucoup aimé ce film.

Résumé des épisodes antérieurs. Histoire vraie, comme on dit : Ron Stallworth (John David Washington, le fils de Denzel), agent de la police de Colorado Springs, est chargé en 1979 d’infiltrer la conférence tenue par Stockely Carmichael — et éventuellement de draguer la présidente locale de l’union des étudiants noirs, Patrice Dumas (Laura Harrier, craquante dans le style Angela Davis maigrichonne). De fil en aiguille, il se donne pour mission d’infiltrer le Ku-Klux-Klan local, avec l’aide d’un flic juif qui est son interface blanche. Un nègre, un youpin : le KKK est à la peine. Les deux compères entrent en relation avec David Duke, le grand Sorcier du Klan (et ferme soutien de Trump en 2016). Je passe sur les détails, bref, l’opération est un succès.

Jusque là, c’est un bon film raisonnablement militant. Les Blancs ne sont pas systématiquement pourris (quoique…), les Noirs ne sont pas unanimement des héros, le Juif de service (Adam Driver, la vraie révélation du film, mais on l’avait déjà vu dans Silence, remember ? et dans deux des derniers chapitres de la Guerre des étoiles) l’est aussi peu que possible…

Spike Lee dépasse les frontières

C’est justement une remarque de ce garçon doué qui m’a fait dresser l’oreille — je cite de mémoire : « Tu sais, je suis aussi peu juif que possible, pas fait ma bar-mitzvah, suis pas croyant, je n’y pense jamais — mais à force de fréquenter ces connards, je me sens peu à peu plus juif que nature, forcé en quelque sorte de l’être à force d’entendre ce qu’ils en disent… »

Et je me suis demandé ce qu’en aurait pensé Houria Bouledja, porte-parole du Parti des Indigènes de la République, l’auteur de cet essai délicat, pas du tout raciste ni antisémite ni homophobe intitulé les Blancs, les Juifs et nous (2016).

Le raciste, persuadé d’appartenir à une communauté spécifique et toujours menacée, assigne à résidence l’objet de…

>>> Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Paul Brighelli <<<



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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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