SOS Racisme est de retour au service du petit Jésus.
On a tendance à l’oublier, mais l’épiphanie n’est pas seulement un prétexte pour se goinfrer de frangipane, tirer les rois et choisir sa reine. Selon l’évangile de saint Matthieu, les trois mages venus d’Orient, Melchior, Gaspard et Balthazar auraient rendu hommage à Jésus lors de sa naissance. Dans les principales villes d’Espagne, chaque 5 janvier, il est de coutume de représenter cette scène dans une crèche vivante. Or, cette année à Barcelone, un homme à la peau bien claire s’est noirci le visage pour jouer le rôle de Balthazar, le plus africain des mages. Stupéfaction de l’autre côté de la Bidassoa : SOS Racisme crie au « blackface » !
Circonstance aggravante, l’acteur d’un jour n’est autre que l’ancien maire de Madrid et ex-ministre de la Justice, le conservateur Alberto Ruiz-Gallardon. Localement, ce grimage a aussi suscité des remous, notamment du côté de l’association interculturelle catalane Casa Nostra Casa Vostra. Le porte-parole de l’ONG a en effet déclaré que la présence d’un faux mage noir heurtait la sensibilité des « enfants noirs qui refusent de venir au défilé, blessés de voir des caricatures d’eux-mêmes ».
Indignée, l’association a lancé une campagne sur les réseaux sociaux baptisée « Pour un vrai Balthazar », réclamant « que l’année prochaine, le roi noir ne soit pas un personnage avec la peau peinte ». Si les stéréotypes racialistes ont la vie dure, on n’a pas entendu ces belles âmes dénoncer le choix d’un acteur noir pour jouer Jean Valjean à Broadway. Ni l’installation de petits Jésus africains dans plusieurs crèches en Italie afin de symboliser la souffrance des migrants échoués en Méditerranée. Comme les flux migratoires, l’appropriation culturelle est à sens unique.
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