La Bibliothèque nationale vient de retrouver un lot de cartes de lecteurs célèbres, aujourd’hui disparus — il ne reste d’eux que ce qu’ils ont écrit, ou produit, ou vécu, et le souvenir de leurs lectures, dont malheureusement il manque le détail.
Mais on peut toujours les reconstituer. D’autant que les dates inscrites sur les cartons jaunis donnent à penser qu’ils se sont fréquentés — au moins dans l’espace commun, sous les lampes toujours insuffisantes de la Bibliothèque de la rue Richelieu. Qu’ils ont communié au moins dans l’amour des livres, où ils venaient trouver de quoi en écrire, tant il est vrai que le lion est fait de mouton assimilé. Ils parlaient bien des langues, mais ils étaient tous francophones de cœur — à une époque où le français représentait encore quelque chose, autre chose que ce à quoi les imbéciles qui écrivent les programmes, rue de Grenelle, voudraient le réduire.
Peu de « titi » Parisiens
Il y avait même parmi eux des migrants — on disait « émigré », à l’époque. Pas même « immigrés ». Des gens venus d’ailleurs, comme Stefan Zweig, austro-hongrois, Hannah (avec deux « n ») Arendt, prussienne, ou Natalie (sans « h » à l’origine) Sarraute, « née Tcherniak » à Ivanovo-Voznessensk, de nationalité russe.
Peu de Parisiens pur jus là-dedans. Bachelard est né à Bar-sur-Aube, Breton à Tichebray — mais tous deux sont morts à Paris.
Seul Césaire, dans cette liste, est né à Basse-Terre et mort à Fort-de-France — Martinique un jour, Martinique toujours. C’est même là que j’avais eu l’honneur (si !) de le rencontrer. J’étais beau comme un soleil !
Zweig a quitté l’Autriche en 1934 — mais sa carte de lecteur est de l’année 1932 : il venait déjà chercher à Paris une liberté qu’Hitler, qui se préparait à l’époque aux élections de 1933, ne risquait pas de lui procurer…
Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Paul Brighelli.
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