Je sentais que cette Salhia Brakhlia avait un gros potentiel. Elle ne m’a pas déçue.
Elle nous a offert ceci :
On voit qu’elle a été formée au Petit Journal, son transfert lui a d’ailleurs valu un portrait perfide signé Libération : Salhia, c’est la fille qui « lâche des banalités » et enchaîne les « poncifs dignes des plus grands champions de la langue de bois politicienne », et qui trouve que tout le monde est « super sympa ». Apparemment, les gens qui vont à la fête du cochon, non, elle ne les trouve pas super sympas.
Comme d’habitude, j’ai attendu un peu de voir qui allait en dire quoi. Je m’attendais à ce que Riposte Laïque, Boulevard Voltaire, Résistance Républicaine et TV Libertés en parlassent.
Mais j’attendais surtout l’article du Monde, de Médiapart, du Huffington Post ou que sais-je encore qui titrerait : « Déchaînement raciste contre une journaliste de BFM TV » et nous expliquerait que les méchants fachos s’en prenaient à une gentille fifille qui n’avait fait que son travail.
Toutefois, cet article tarde à venir et sans doute ne viendra-t-il pas. Pourquoi ?
La réponse est dans cette image :
Le présentateur Jean-Baptiste Boursier n’est pas très à l’aise avec le document de Salhia. C’est qu’il n’est pas bête et il a fort bien compris ce que n’importe qui peut constater en regardant ce reportage : ce qui gêne Salhia, c’est bien moins le FN que le cochon.
Ce n’est pas d’emblée évident : « des fêtes du cochon, il y en a plusieurs en France, c’est normal ! », dit Salhia (0’12 »).
Notez, elle a bien dit : « c’est normal ». J’ai envie de lui demander pourquoi, selon elle, c’est normal. Parce qu’elle va ensuite s’évertuer à montrer le contraire.
Salhia Brakhlia indique que la spécificité gênante de la fête d’Hayange, c’est son caractère excessivement politisé. Pour l’instant, pas de problème. Elle ne semble pas vouloir s’en prendre à la fête du cochon en soi mais seulement à sa récupération politique. J’adhère.
Mais dans ce cas, comment se justifie la séquence qui va de 0’26 » à 1’07 » ?
Logiquement la mascotte, c’est un cochon… qui met de l’ambiance, hein ? Et non, ils n’ont pas fait dans la lourdeur : après les affiches, le ballon gonflable. On a vu un traiteur à la tête de cochon. Au menu, justement, bière et tout ce qui peut être comestible dans le cochon. Et pour le dessert, on reste dans la thématique avec des viennoiseries tête de cochon et des éclairs en forme de cochon. (Salhia Brakhlia, BFM TV)
Moi, les images m’ont mis l’eau à la bouche et j’ai trouvé génial qu’ils aient joué la carte du cochon jusque dans le sucré. Mais le ton moqueur de Salhia Brakhlia suggère de sa part une forte désapprobation, comme le confirme sa mine :
Pourtant, on n’a pas encore vu de néo-nazi. On n’a vu que des cochons.
Juste pour info, les cochons roses du pâtissier ne sont pas des « éclairs », M’dame Salhia : c’est de la pâte d’amande fourrée (les fameux « petits cochons de la St Antoine »). C’est délicieux. Et vous pouvez en manger, vous savez, Salhia, parce que ce n’est pas vraiment du cochon, c’est juste en forme de cochon. Mais il y en a qui font du zèle, apparemment, (et il faut croire que notre Salhia est du nombre). J’ai trouvé ceci sur un forum :
Notez que « on lui as bien expliquer que c’était autoriser ». Donc c’est pas interdit.
Là où cela devient vraiment gênant pour Salhia, c’est quand elle demande à un charcutier ce qu’on peut manger à la fête du cochon quand on n’aime pas le cochon ; elle demandera ensuite au maire FN s’il compte organiser une fête du maqrouth à Hayange.
Et non, pas de fête du maqrouth prévue à Hayange. Salhia pas contente.
Vous trouvez ça débile ? Moi, je crois que Salhia Brakhlia vient d’élaborer un concept d’émission perpétuellement déclinable. Elle doit pouvoir tenir toute l’année comme ça :
Au fest-noz de Brest : quoi, vous ne servez pas de choucroute alsacienne ?
A la fête du foie gras de Pau : pas de moules à la normande ?
A la fête de l’escargot de Bourgogne : comment, vous ne proposez pas de calissons d’Aix ?
« Musulmans » et… « personnes de confession juive »
Salhia n’ira pas à la fête de l’escargot demander ce qu’on peut y déguster si l’on n’aime pas les escargots. Pourtant, les escargots, c’est beaucoup plus discriminant que le cochon : il faudrait faire une enquête d’opinion, mais je suis certaine que les mangeurs d’escargots sont bien moins nombreux que les mangeurs de porc. Donc le vrai scandale est à la fête de l’escargot, pas à la fête du cochon. Comme dit Salhia : « ça écarte pas mal de gens ».
J’ai cherché à savoir si la consommation d’escargots est halal. J’ai lu des kilomètres de forums musulmans sans trouver la réponse. Et puis, j’ai trouvé cette vidéo et là… je n’ai rien compris :
C’est dommage parce que j’aimerais bien savoir.
Salhia dit au charcutier qu’elle « n’aime pas le cochon ». Là, j’ai envie de lui dire comme aux enfants : « comment peux-tu savoir que tu n’aimes pas, si tu n’y as pas goûté ? ». Par exemple, moi, je sais que je n’aime pas les escargots de Bourgogne. Mais Salhia Brakhlia ne sait pas si elle aime le travers de porc. Elle est juste cochonophobe par principe.
Quand elle dit que « ça écarte pas mal de gens », elle précise : « je pense par exemple aux musulmans ou aux personnes de confession juive, pour ne citer qu’eux ». J’adore « personnes de confession juive » : ça doit écorcher la bouche de dire « les Juifs ». Ça me fait penser aux cathos qui disent « personnes homosexuelles » pour ne pas réduire les gens à leur vice. Salhia, c’est pareil, elle ne veut pas réduire les Juifs à leur vice qui est d’être juifs. En revanche, les « musulmans » ne sont pas des « personnes de confession musulmane ».
Et les végétariens dans tout ça?
On remarque qu’elle ne pense pas aux végétariens. Elle n’y pense même pas du tout puisqu’elle a demandé au charcutier ce qu’elle pouvait manger « comme viande » si elle ne prenait pas de cochon. Les végétariens ne peuvent pas manger de viande du tout, donc la fête de Salhia ne leur conviendrait pas mieux. Et puis les personnes allergiques au gluten, elle y a pensé, Salhia ? Eux, ce sont les desserts qu’ils ne peuvent pas manger à la fête du cochon. Pareil pour les gens allergiques aux œufs. Et puis, imaginons qu’on ait prévu un stand pour les cochonophobes, je pense que Salhia ne serait pas plus satisfaite parce que les steaks ne seraient pas forcément certifiés halal. Du coup, « ça écarte pas mal de gens ».
Bon ensuite, Salhia n’est pas contente parce qu’elle n’arrive pas à trouver une oreille compatissante pour son problème: « ça vous dérange pas? » On remarque que les gens sont polis: ils acceptent de lui répondre, en dépit de son regard que l’on devine chargé tout à la fois de sarcasme, de mépris et de détestation. Les gens lui répondent, et avec le sourire, même les gros costauds tatoués. Pourtant, ils auraient des raisons de s’énerver. Alors que Juifs et végétariens ne se sentent tout simplement pas concernés par la fête du cochon, Salhia, elle, est dans une posture militante, celle de l’intimidation : il s’agit de susciter la honte chez ceux qui osent manger du porc quand d’autres ont fait le choix de n’en pas manger, de leur faire sentir que cette fête, parce qu’elle est discriminante, ne devrait pas exister.
Elle n’est pas contente non plus quand elle…
Lisez la suite de l’article sur le blog d’Ingrid Riocreux
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