Après la trêve des confiseurs, l’Assemblée reprend ses travaux, sur fond de remaniement et de révolte agricole… Ambiance.
« Sauter au plafond »
Tout ça pour ça… Le Conseil constitutionnel vient de censurer plus d’un tiers des articles de la loi sur l’immigration votée par le Parlement avant Noël. Celle-là même que les Français avaient pourtant plébiscitée à 70 %… Cette décision me laisse un goût amer dans la bouche. Une véritable claque pour les représentants des Français au Parlement ! La prochaine fois, le chef de l’État devrait être encore plus direct. Plutôt que de demander au Conseil constitutionnel de censurer les mesures qui ne le font pas « sauter au plafond », il pourrait lui proposer de rédiger lui-même la loi. On gagnerait du temps.
Collabo !
On est toujours le collabo de quelqu’un… Fabien Roussel l’a appris à ses dépens, qui a dû être extrait d’une des manifs organisées contre la loi pour l’immigration à Paris le 21 janvier. Aux cris de « Roussel collabo ! », « Roussel n’est pas un bon camarade » ou encore « Roussel casse-toi ! », le député et secrétaire national du Parti communiste français s’est fait insulter, bousculer et finalement exfiltrer lors d’une manifestation… du syndicat CGT. Avant de trouver refuge à l’Assemblée nationale. Avec des amis comme ça…
Uniforme à l’école
Une des premières mesures annoncées par le ministre de l’Éducation nationale d’alors, Gabriel Attal, était l’expérimentation de l’uniforme à l’école. Le maire de Béziers a immédiatement candidaté, lui qui avait déjà tenté semblable mesure en 2014, juste après son élection. Et les premiers uniformes – et non pas « tenues uniques » comme les appelle Emmanuel Macron – sont arrivés pour essayage : exit le « jean/tee-shirt » préconisé par certains. Chez nous, à Béziers, les élèves et leurs parents ont choisi le pantalon pour les garçons, la jupe plissée pour les filles et, pour tous… le blazer très « british » avec blason aux couleurs de la ville et de l’école, s’il vous plaît ! L’effet magique d’Harry Potter.
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Sobriquet
Depuis son élection au perchoir, la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a administré un nombre record de sanctions disciplinaires à des députés. Ce qui lui a immédiatement valu un petit surnom par le député écologiste Benjamin Lucas. Allez, un indice, il est vice-président du groupe d’amitié France-Corée du Nord (eh non, ce n’est pas une blague !). Vous avez deviné ? La « Kim Jong-un du perchoir ». Tout en nuances…
Double langage
C’est un sujet de discussion récurrent à l’Assemblée nationale. Pour qui faire une minute de silence ? On se souvient que le jeune Nahel – « ce petit ange parti trop tôt », dixit Kylian Mbappé– y avait eu droit immédiatement. Thomas, lui, a dû attendre plusieurs jours avant qu’elle ne lui soit « accordée ». En ce jour de manifestation agricole, le groupe communiste a réclamé une minute de silence au Palais-Bourbon – refusée « faute de consensus » – en hommage à Alexandra, cette jeune agricultrice morte sur un barrage routier dans l’Ariège… Il paraît que c’est le groupe Renaissance qui n’en a pas voulu. Insupportable de les entendre ensuite évoquer le « sentiment de relégation, de mépris et de déclassement » qui touche les agriculteurs…
IVG dans la Constitution
Huit heures de débats pour savoir s’il est opportun ou non d’inscrire « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » dans la Constitution. Des débats juridiques, souvent techniques. Et de temps en temps aussi, caricaturaux. Mathilde Panot propose de remplacer le mot « femme » par « toute personne en situation de grossesse ». Histoire de ne pas braquer les transsexuels… Évidemment, on n’échappe pas non plus à la séquence « Radio ma vie », avec les témoignages personnels comme « je pense à Élisabeth, ma tante » ou autres « j’ai avorté et je l’ai très bien vécu »… Le sommet est atteint hors de l’Hémicycle lorsque Sophie Marceau attaque Gérard Larcher – il a eu l’outrecuidance d’estimer que l’IVG n’était pas menacée en France : « Vous représentez le patriarcat dans toute sa splendeur : suffisant, rétrograde et hypocrite. Vous faites honte à notre société française. » À vous faire craindre le matriarcat.
Indécence
L’Assemblée l’a acté : elle augmente de 5,4 % les frais de mandat des élus de la chambre basse « pour faire face à l’inflation ». Votée par tous les groupes politiques, à l’exception des Insoumis et des socialistes qui se sont abstenus. La présidente de l’Assemblée a cru bon se défendre en rappelant que « les dépenses liées à l’AFM [allocation des frais de mandat] font l’objet d’un contrôle de la part du déontologue[…] et les montants nonutilisés sont reversés par les députés à l’Assemblée, à l’issue du mandat ». Au moment où les agriculteurs manifestent pour gagner leur vie décemment, ça manque un peu de… décence.
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Case départ
Mais où est passée Élisabeth Borne ? Après deux semaines de vacances, la voilà de retour à l’Assemblée. Pas pour de grands échanges d’idées politiques, mais pour de vulgaires questions logistiques. L’ex-Première ministre devrait en effet se voir attribuer l’un des bureaux du Palais-Bourbon réservés aux « anciens ayant occupé des fonctions prestigieuses ». Se pose également la question – essentielle pour les Français – de sa place dans l’hémicycle. Et ce n’est pas terminé ! À l’heure où j’écris ces lignes, 18 membres de l’ancien gouvernement – Olivier Véran, Olivier Dussopt, Clément Beaune entre autres – sont encore dans l’expectative et pourraient devoir revenir au Palais-Bourbon lorsque le remaniement sera terminé. Mais où donc les loger ? Des querelles d’égos en perspective…
Viticulteurs
Six heures du matin. Au péage de Béziers Ouest. Ils sont là, avec leurs tracteurs. Parfois en famille. Nos vignerons n’en peuvent plus. Ils vivent mal. Les jeunes n’ont plus envie de reprendre les exploitations de leurs parents. Le vin s’accumule dans les chais. Ils sont en colère. Je suis là pour leur dire mon soutien mais aussi, surtout, mon amitié, mon affection. Nous nous voyons tout au long de l’année. Et pas que pour parler de vigne. Ils sont la chair de notre Sud, de ce qui est devenu mon Sud. Un député, ça sert aussi à ça. Être aux côtés de ses amis. Sans calcul. Juste là.