Rompant avec une longue tradition, l’édition 2010 du Salon du livre de Paris ne mettra pas à l’honneur un pays mais l’ensemble des écrivains, français et étrangers, hommes et femmes, morts ou vivants. Très inattendue, cette décision pourrait paraître saugrenue, voire démagogique, si elle ne cachait un mini psychodrame qui secoue depuis deux semaines le monde secret de l’édition : suite aux déclarations controversées du pape, on a finalement annulé le choix primitif arrêté pour le Salon 2010 , dont l’invité d’honneur devait être le Vatican. Cette idée proposée par la maison d’édition Bayard et soutenue par d’autres éditeurs réputés proches de l’Eglise, tels Le Cerf, Fleurus, Le Centurion ou les Presses de la Renaissance, a été dans un premier temps accueillie favorablement au sein du Syndicat National de L’Edition: un récent sondage Ipsos/La Croix montrait que les catholiques pratiquants achetaient en moyenne trois fois plus de livres que l’ensemble des Français (missels non compris). Hélas, les polémiques autour de l’évêque Williamson, puis du préservatif en Afrique ont violemment divisé les organisateurs du Salon qui ont finalement décidé de renoncer à l’invitation du Vatican. Certains éditeurs ont alors suggéré de choisir le Tibet comme nouvel hôte d’honneur, mais on murmure que ce choix aurait été vite abandonné suite à de discrètes mais apparemment efficaces pressions de l’Elysée. C’est bien dommage, on aurait pu enfin savoir ce que le Dalaï Lama pensait de la Princesse de Clèves…
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