Petite bizarrerie, hier au congrès de Reims. Benoît Hamon, au beau milieu de son discours de candidature, a rendu un hommage très appuyé aux militants de son parti en charge du service d’ordre. Il est vrai que ceux-ci venaient de passer un rude week-end. Le SO – dernier secteur du PS où l’on trouve plus d’ouvriers que de bac +5 – fut en effet pendant trois jours en butte au harcèlement permanent d’un certain nombre de journalistes qui pensent qu’une carte de presse ou un caméscope donnent au premier crétin venu le droit de tout faire (par exemple essayer d’espionner une réunion à huis-clos) ou de tout dire (par exemple traiter les bénévoles du SO de nervis, de gros bras, voire pire).
Ayant moi-même, dans une vie antérieure, participé à maints SO, en ayant aussi délibérément agressé un certain nombre d’autres, je sais bien que l’une des qualités essentielles requises pour cette tâche est un calme olympien. Je sais aussi que cette responsabilité n’est pas confiée à des robots, mais à des humains, qui réagissent donc parfois comme vous et moi quand on les harcèle, quand on les injurie ou tout bêtement quand on les prend d’un peu trop haut. Nul ne s’étonnera que, dans ces circonstances, quelques claques soient parties et que quelques égos journalistiques se soient trouvés froissés. Certains confrères ou assimilés ont quand même cru devoir en faire toute une affaire, tel l’excellent Julien Martin de Rue89 qui n’hésite pas à mettre tout son talent dans la balance : « Le poing et la rose, écrit-il, n’est pas un vain slogan au PS. La rose représente classiquement la couleur du socialisme. Quant au poing, il est devenu le symbole de son service d’ordre. »
D’après nos informations, il semble que le service de presse du PS et, nous dit-on, la direction du parti aient jugé utile de calmer le jeu en promettant aux journalistes que les membres du SO, qui ont fait leur devoir de militants, seraient dûment admonestés. C’est bien sûr un acte déshonorant et c’est sans doute pour cela que Benoît Hamon a jugé indispensable de rendre hommage au SO devant toute la presse. Ce qui, on s’en doute, ne le rendra pas très populaire auprès de la profession. Ça s’appelle donc du courage. Ce mec-là a de la classe. Je serais Ségo, je me méfierais…
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